Que ce soit pour décembre ou pour l'ensemble de 2014, le marché du travail du Québec est celui qui a le plus contre-performé au Canada.

En décembre, le nombre d'emplois a peu varié d'un océan à l'autre (- 4300), et le taux de chômage n'a pas bougé, à 6,6%, indiquent les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. C'est néanmoins encore une fois au Québec que la saignée est le plus prononcée à hauteur de 6700 emplois, tous à temps partiel heureusement.

De décembre à décembre, le Québec a perdu 15 800 postes, les deux tiers à temps plein, alors que le Canada est parvenu à en créer 185 700, tous à temps plein et concentrés en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.

Le taux de chômage québécois diminue quand même d'un dixième, à 7,5%, en décembre puisque 14 500 personnes ont choisi de déserter les rangs de la population active. Fait inquiétant, cette cohorte, qui inclut les 15 ans et plus détenant ou cherchant un emploi, a perdu 29 200 personnes depuis décembre 2013. Cela reflète le vieillissement de la population et un solde migratoire interprovincial négatif, et présage d'un faible taux de croissance économique.

Au Canada, la population active s'est enrichie de 74 000 éléments, de décembre à décembre.

Dans sa mise à jour budgétaire de novembre, le ministre des Finances Carlos Leitao a dit s'attendre à la perte de 1600 emplois en 2014, sur la base d'une autre méthode de calcul qui fait la moyenne des variations mensuelles d'une année à l'autre, plutôt que d'un mois à l'autre.

Selon cette méthode, le Québec a effectivement perdu 2300 emplois. Il s'agit de la première perte nette depuis les cinq ans d'expansion du présent cycle. Au Canada, il s'est plutôt créé 141 000 emplois; il s'agit néanmoins du chiffre le plus faible des cinq dernières années.

Les données mensuelles de l'EPA sont très volatiles et doivent être utilisées avec précaution, si on désire déceler une tendance. En regardant plutôt le bilan des trois mois d'automne, on ne trouve guère non plus de quoi s'encourager: le Québec a perdu 1300 emplois alors que le Canada en compte 28 100 de plus, malgré les pertes de sa société distincte.

Le taux d'emploi, la mesure qui reflète le mieux l'état de santé du marché du travail, a aussi de quoi inquiéter les observateurs. La proportion des Québécois de 15 ans et plus qui travaillent s'élevait à 59,6% en décembre, en baisse de 7 dixièmes en un an. Seuls Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick reculent davantage. À l'échelle canadienne, le taux d'emploi diminue d'un dixième durant l'année, à 61,5%.

En Ontario, il n'a pas varié et se situe à 61,0%. La province comptait le mois dernier 79 900 emplois de plus qu'il y a un an, ce qui reflète l'accélération de sa croissance.

Hier, on apprenait que le rythme annualisé de son expansion avait été de 4,0% au troisième trimestre, contre 2,4% au Canada dans son ensemble et seulement 1,5% au Québec.

L'Ontario paraît donc mieux placé que le Québec pour profiter de l'accélération de la croissance américaine, dont fait foi le dynamisme de son marché du travail.

En décembre, il s'est créé 252 000 emplois salariés non agricoles chez l'Oncle Sam. Pour l'ensemble de 2014, la meilleure depuis 1999, le total frôle les 3 millions.

Le taux de chômage baisse de deux crans et se situe désormais à 5,6%.

Le marché du travail américain n'est pas encore guéri de toutes ses blessures infligées par la Grande Récession. Le taux d'activité reste toujours faible, selon les normes historiques, à 62,7%, en baisse même de 2 dixièmes en décembre, alors que le taux d'emploi est seulement de 59,2%, en progression de 6 dixièmes tout de même depuis un an.

La mesure des taux de chômage et d'emploi n'est pas la même au Canada et aux États-Unis où le seuil d'entrée de la population active est de 16 ans plutôt que 15 ans. Selon ce seuil, le taux de chômage canadien diminue à 5,7% tandis que le taux d'emploi grimpe à 62,1%.

Dernière précision: tant du côté de Statistique Canada que du Bureau of Labor Statistics américain, on publiera des données révisées à la fin du mois et on adoptera une méthodologie bonifiée de collecte des données.