La chute des prix du pétrole et l'accélération de la production américaine d'or noir bouleversent la dynamique des balances commerciales du Canada et des États-Unis.

En novembre, le Canada a enregistré un déficit de 644 millions de dollars dans ses échanges de biens avec l'étranger, soit près du double de celui d'octobre.

Chez nos voisins, le déficit est plutôt passé de 42,2 milliards à 39 milliards, d'octobre à novembre.

Les exportations canadiennes de pétrole conventionnel et bitumineux ont diminué de 9,9%, a indiqué Statistique Canada, qui précise que c'est le résultat d'une baisse des prix et des volumes. Il s'agit de la sixième baisse mensuelle d'affilée.

Si l'or noir extrait des côtes terre-neuviennes prend divers chemins, celui des Prairies est acheminé vers les États-Unis, dont les importations fléchissent mois après mois. Au point où le déficit commercial américain vis-à-vis des 12 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est passé de 4,8 milliards en novembre 2013 à 0,8 milliard en novembre dernier, selon les données du département du Commerce.

Tout n'est pas qu'affaire de prix. L'autosuffisance américaine augmente. Si la demande baisse, alors ce sont les importations qui diminuent avant tout.

Les importations américaines de brut s'élevaient à 7,23 millions de barils en octobre, mais à 6,29 millions en novembre. Exprimées en dollars, les importations américaines d'or noir de 19,8 milliards en octobre ont été ramenées à 15,66 milliards en novembre.

Hors pétrole, le déficit commercial américain s'est creusé de 600 millions à la faveur surtout de l'augmentation de la valeur des biens de consommation importés et d'une baisse de 1% de la valeur des exportations.

Cela témoigne à la fois du dynamisme de l'économie américaine et de l'apathie de ses débouchés extérieurs.

Le Canada ne semble pas profiter de la première tout en souffrant de la seconde.

Ainsi, la valeur de ses livraisons aux États-Unis a diminué de 2,6%; celles vers le reste du monde, de 6,27%.

Les livraisons de pétrole n'expliquent pas tout: même les exportations de véhicules neufs ont diminué. En fait, la baisse des exportations était généralisée, en novembre, si on fait exception des produits agricoles et chimiques.

La croissance semble d'ailleurs avoir ralenti durant le mois des morts après trois belles expansions mensuelles d'affilée.

La valeur et les volumes d'importations étaient aussi à la baisse. Le recul était généralisé, à l'exception des véhicules.

On notera non sans inquiétude les baisses significatives d'achats de machines, de matériel et de pièces industrielles, électriques et électroniques qui présagent d'un ralentissement prochain des investissements des entreprises, l'élément le plus faible du présent cycle économique au Canada.

On en aura d'ailleurs un meilleur aperçu lundi avec la publication de l'enquête trimestrielle de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises.

L'industrie pétrolière accapare depuis quelques années jusqu'à 40% des investissements industriels canadiens en machine et équipement.

La chute des prix de l'or noir qui s'est accélérée en décembre et se poursuit toujours est de nature à les stopper net. Elle signale aussi que le retour à un surplus commercial n'est pas pour demain, à moins d'une accélération des exportations manufacturières, lesquelles augmentent depuis un an, mais pas assez pour compenser la baisse des volumes et des valeurs des exportations de biens de base, énergétiques ou métalliques.