Pour plusieurs, 2014 fut l'année de leur consécration. Pour d'autres, ce sera une année à oublier. Voici un petit survol de gens, d'entreprises ou de gouvernements qui peuvent célébrer leurs bons coups ou qui préféreront passer leur année à la déchiqueteuse!

LES TOPS

LE CLICHÉ DE SAMSUNG

Samsung revendique l'égoportrait le plus glamour de l'histoire des réseaux sociaux. Le soir de la cérémonie des Oscars, en mars, l'animatrice Ellen Degeneres a convié Jennifer Lawrence, Brad Pitt et Julia Roberts à poser avec elle grâce à son Galaxy Note 3. Le geste, qui s'apparentait à un coup de tête, s'est révélé le lendemain être un coup publicitaire planifié pour lequel l'entreprise avait déboursé 20 millions de dollars, selon le Wall Street Journal. L'égoportrait a été retweeté 3 millions de fois et est devenu plus populaire que toutes les photos de robe du traditionnel tapis rouge. Le géant de l'industrie du mobile et des tablettes, face à son rival Apple, a prouvé qu'il pouvait être vraiment cool.

UBER EN VOITURE

Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en. La maxime ne peut s'appliquer mieux qu'à Uber, cette année. L'entreprise fait rager les villes et l'industrie du taxi autant qu'elle séduit une clientèle qui peut se déplacer au rabais et payer facilement ses courses ainsi que de nombreux chauffeurs qui peuvent arrondir leurs fins de mois. Le service est si populaire que le fondateur de la start-up californienne peut se permettre d'être arrogant envers les élus et l'industrie du taxi en refusant de se conformer aux règlements municipaux. L'entreprise née en 2008, qui affirme «redynamiser» la façon de se déplacer, vaut déjà 18,2 milliards. Elle est présente dans 200 villes et engrange 20 millions de revenus par semaine. Qu'est-ce qui la motivera à se conformer aux règles?

BLACKBERRY ET KIM

BlackBerry n'a pas été accolé qu'à des nouvelles négatives cette année. Son nom a même résonné bien loin des milieux d'affaires, dans la bouche de la star de téléréalité Kim Kardashian! BlackBerry est encore loin de faire le poids vis-à-vis de ses concurrents. Ses derniers résultats trimestriels ont confirmé des revenus moins élevés que ce qu'espéraient les analystes, mais ses pertes de 148 millions de dollars sont nettement moins lourdes qu'à la même date l'an dernier (4,4 milliards). Et si le partenariat conclu avec Ford pour implanter un système permettant notamment le téléchargement de musique dans les voitures portait ses fruits ? Même si elle compte sur la performance de deux nouveaux téléphones bien accueillis (le Passport et le Classic), BlackBerry se diversifie et lorgne plus que jamais les entreprises et le domaine de la commande à distance. C'est ce qui a fait que le patron, John Chen, a pu refuser la main tendue de Kardashian. Quand on peut se permettre de lever le nez sur une vedette hollywoodienne...

ACHETÉE, OSISKO RACHÈTE!

Après cinq ans de métamorphose du territoire de Malartic, en Abitibi, la société minière Osisko a vendu la mine d'or Canadian Malartic pour 3,9 milliards à Yamana Gold et Agnico-Eagle, en mai. C'est 11% de plus que l'offre hostile de Goldcorp, quelques mois plus tôt. La société n'est pas partie la queue entre les jambes. Elle a conservé 5% des redevances de la mine, et les 680 emplois ont été préservés. Osisko a surtout terminé l'année avec l'annonce de l'acquisition de la société Mines Virginia, de Québec, pour 508 millions de dollars. Cela crée une entité québécoise de premier plan dans le secteur des redevances aurifères. Au terme de cette transaction, la capitalisation boursière de la nouvelle entité devrait être de 1,3 milliard à la Bourse de Toronto. Et Osisko détiendra 61% des actions.

TOUTES LES TOURS D'IVANHOÉ

Acquisition du 1095, avenue of Americas pour 2,25 milliards dans la Grosse Pomme, plans de réfection de l'esplanade de la Place Ville-Marie de Montréal, projet de deux tours à Toronto, acquisition de deux édifices à Seattle... En 2014, Ivanhoé Cambridge s'est concentrée sur des projets élancés et prestigieux et a posé (seule ou en partenariat) ses pions à plusieurs endroits dignes de la Promenade au Monopoly ! Par sa transaction de 280 millions à Seattle, la filiale de la Caisse de dépôt s'assure 13% du marché immobilier au coeur de la ville américaine. Ivanhoé s'est aussi imposée au centre-ville de Denver grâce à une participation de 40% dans un portefeuille de propriétés. Elle a également avancé ses jetons à San Francisco et au Mexique. On ne lui en voudra pas de se retirer du marché hôtelier...

LES FLOPS

SONY EN VEDETTE DANS UN MAUVAIS FILM

Menaces d'attaques lors de visionnements, intervention de Barack Obama, démentis de la Corée du Nord quant à son implication dans l'affaire The Interview... Un film d'espionnage, cette histoire ? Plutôt un scénario dans lequel Sony est dépassée et a mal paru. L'année se termine dans un climat explosif pour le studio, victime d'une cyberattaque qui a mis au jour non seulement le scénario de futures superproductions, mais aussi des dossiers médicaux et des échanges de courriels peu flatteurs au sujet de vedettes hollywoodiennes. Aux yeux de plusieurs observateurs, le studio n'aurait pas dû céder aux menaces de Pyongyang, mais se tenir debout et lancer sa comédie en salle comme prévu, en décembre. Mais outre Sony, qui s'est finalement et partiellement ravisée, c'est toute l'industrie hollywoodienne qui est égratignée et taxée de se faire dicter quoi présenter ou pas.

U2, PAR LA FORCE

C'était une bonne idée, en apparence. Pour marquer en grand le dévoilement de l'iPhone 6 et de l'Apple Watch, en septembre, Apple a offert aux 500 millions de clients d'iTunes le 13e album de U2, Songs of Innocence. Gratuitement. Mais obligatoirement. Ce coup de pub s'est vite retourné contre Apple et U2, accusés d'ingérence culturelle. Un mois plus tard, le chanteur Bono s'est excusé pour sa «mégalomanie». Et Apple a dû ajouter une fonction permettant de se débarrasser de l'album. Dans un univers où la façon de consommer de la musique est en profonde mutation, U2 a fait preuve d'ouverture d'esprit, certes, mais mal amenée parce qu'elle a été imposée. On ne l'y reprendra plus... Si l'album a finalement été écouté par 81 millions de personnes, Apple aurait dépensé 100 millions en promo pour rien dans cette aventure, selon le New York Times.

RIP JACOB

Fermera, fermera pas ? L'agonie du détaillant de Sorel a été lente et douloureuse en 2014. Les ventes décevantes et le climat défavorable aux détaillants traditionnels ont finalement eu raison de Jacob, qui a officiellement déclaré faillite en octobre après un plan de relance, l'embauche de l'ancienne députée Élaine Zakaïb et la résiliation de plusieurs baux. Mais cette faillite est surtout le symbole d'un cancer qui gruge les commerçants qui n'ont pas su faire face aux grandes chaînes, qui offrent des vêtements à coût moindre et des sites transactionnels efficaces. Un cancer qui a aussi eu raison de Smart Set et Mexx. Et combien d'autres bientôt ?

LE ROUBLE DANS LE TROUBLE

L'année ne se termine pas dans la joie et l'esprit des Fêtes en Russie. Le conflit en Ukraine et la chute du prix du pétrole ont fait mal au pays de Vladimir Poutine, qui retire la moitié de ses revenus des ventes de brut et de gaz naturel. Cette année, le rouble a perdu 50% de sa valeur. Le Kremlin est pris dans une spirale qui tourne de plus en plus vite : inflation, baisse du cours du pétrole, hausse du prix du blé et des denrées, fuite des capitaux... À la fin de décembre, le prix du baril de pétrole était sous les 60$US, l'inflation était de 13% et l'équivalent de plus de 100 milliards de dollars américains avait été replacé en euros ou en dollars. Aux yeux de la population, le président tarde à proposer des solutions concrètes. L'ami Gérard Depardieu a-t-il des idées pour Poutine?

LA MINE DU LAC BLOOM DANS LE TROU

Un investissement colossal pour rien. En décembre a fermé la mine du lac Bloom, à Fermont, faute d'investisseurs pour amorcer sa deuxième phase. Un mois avant Noël, 600 personnes ont donc perdu leur emploi et Fermont, une partie de son économie. Quant à la société Cliffs Natural Resources, elle a mis un triste point final à l'investissement de 4,9 milliards que représentait l'achat de la mine, trois ans plus tôt. Elle pourrait même devoir payer presque 700 millions en 5 ans en coûts de fermeture. La faute incombe notamment à la valeur du minerai de fer, qui a chuté de 45% en un an. La décision de l'entreprise, qui a décidé de se concentrer sur ses intérêts aux États-Unis, jette du sable dans l'engrenage du Plan Nord.

Photo: Reuters