Le marché résidentiel canadien est surévalué de 10 à 30% et les cours de l'immobilier ont augmenté en 2014 plus rapidement que les revenus, a indiqué mercredi la banque centrale, minimisant toutefois les risques de voir cette bulle exploser.

Cette bulle est «similaire» aux taux constatés en 1981 et 1990, «deux dates qui ont précédé des corrections importantes des prix des logements», souligne la Banque du Canada dans sa Revue du système financier publié mercredi.

L'hypothèse d'un éclatement soudain de la bulle immobilière est toutefois exclue par l'institution d'Ottawa car les épisodes de 1981 et 1990 «se sont produits avec en toile de fond une croissance des taux d'intérêt et une récession».

Or la Banque du Canada maintient son taux directeur à 1% depuis septembre 2010 et ne semble pas décidée à le relever à court terme. Le taux de croissance du PIB a été de 2,8% au troisième trimestre 2014 en rythme annuel, et de 3,6% au cours du trimestre précédent. Et l'inflation, maîtrisée, a été à peine supérieure à 2% cette année.

«D'après le modèle de la Banque, le marché du logement connaît effectivement une surévaluation des prix supérieure à 10% depuis au moins 2007, et affiche seulement un léger glissement à la hausse depuis 2009», note la banque. «C'est pourquoi il est tout à fait envisageable qu'un atterrissage en douceur soit le scénario le plus crédible: ce marché continuera à bénéficier du dynamisme de l'économie canadienne, alors que les déséquilibres des ménages diminueront peu à peu», ajoute-t-elle.

Les prix des logements les plus élevés du pays se concentrent toujours à Vancouver (côte pacifique), où, sous la pression d'investisseurs asiatiques, le coût moyen d'une maison est passé de 727 000 dollars canadiens en 2012 à 806 000 dollars canadiens cette année, soit une hausse de 11%.

Dans la région de Toronto, la plus grande ville canadienne, l'immobilier a progressé de 13% sur la même période, avec un prix moyen de 541 000 dollars en 2014, tandis qu'à Calgary, capitale de l'industrie pétrolière, ils ont cru de 11% (459 000 dollars en moyenne).

Seules les grandes villes de l'est du pays (Québec et provinces maritimes) ont été épargnées par ce mouvement à la hausse: le prix moyen d'une maison y était de 249 000 dollars en 2012, contre 251 000 dollars cette année.

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La dette des ménages reste un risque à l'économie

OTTAWA - La Banque du Canada a une nouvelle fois identifié la dette croissante des ménages comme une des plus importantes failles dans l'armure économique du Canada.

La banque centrale a publié mercredi sa revue semestrielle du système financier pour souligner ses principales vulnérabilités et avertir des menaces qui pourraient planer sur lui.

Cependant, le rapport affirme que malgré les risques qui persistent, l'économie continue de montrer des «signes de généralisation de la reprise», et l'évaluation d'ensemble que fait la banque centrale de la stabilité financière du Canada reste relativement inchangée par rapport à cet été.

En plus de la croissance de la dette à la consommation, la revue a lancé un avertissement au sujet de la possible surévaluation du marché de l'habitation, d'une augmentation de la prise de risques sur les marchés financiers et de l'émergence de nouvelles menaces, comme l'affaiblissement des prix des matières premières et le plongeon du cours du pétrole.

La banque a aussi insisté sur les écueils qui pourraient éventuellement menacer la position du Canada, comme une hausse soudaine des taux d'intérêt à long terme, une augmentation des tensions financières en Europe et en Chine. - Andy Blatchford, LA PRESSE CANADIENNE