Berlin a annoncé vendredi son feu vert au rachat par la firme canadienne Blackberry de l'allemand Secusmart, la société qui sécurise le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel placé sur écoute par les services américains pendant plusieurs années.

Un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur a souligné, lors d'une conférence de presse régulière, que les inquiétudes en termes de sécurité posées par ce rachat avaient été levées grâce à une clause spéciale négociée entre l'État et Blackberry.

«De notre point de vue, le contrat [...] conclu entre les parties couvre de façon complète et suffisante les intérêts du gouvernement allemand sur le plan de la sécurité», a déclaré ce porte-parole.

Secusmart, basée à Düsseldorf (ouest), fournit aux membres du gouvernement allemand et à de hauts fonctionnaires des téléphones mobiles sécurisés par des systèmes de cryptage. La société compte également l'OTAN parmi ses clients.

Berlin, qui pouvait bloquer ce rachat, a finalement donné son aval au terme de plusieurs mois de négociations, après avoir décidé en juillet d'examiner cette acquisition.

En 2013, les Allemands avaient été échaudés par les révélations d'Edward Snowden sur les écoutes du portable de la chancelière conduites durant plusieurs années par l'agence de renseignement américaine NSA.

Le gouvernement allemand n'a souhaité livrer vendredi aucun détail sur le contenu de l'accord conclu avec Blackberry. Le quotidien Süddeutsche Zeitung ainsi que les chaînes de télévision régionales NDR et WDR ont évoqué une clause de «non-espionnage». Cette clause prévoirait notamment que les «informations confidentielles» transitant par les téléphones intelligents des membres du gouvernement allemand ou ceux de hauts fonctionnaires ne puissent être transmises à des services de renseignements étrangers.

Selon ces médias, Blackberry autoriserait également les services de sécurité allemands à avoir accès aux codes sources du système d'exploitation Blackberry.

Le contrat prévoirait en outre que les faiblesses relevées dans les systèmes d'exploitation des téléphones intelligents soient transmises aux services de sécurité allemands, affirment le Süddeutsche Zeitung, NRW et NDR.