Avec les lancements coup sur coup, en l'espace d'une semaine, d'Assassin's Creed: UnityFar Cry 4 et Shape Up, Ubisoft Montréal s'apprête à réaliser un exploit inédit à l'échelle mondiale. Et du coup, elle doit relever un grand défi de ressources humaines, puisque près de la moitié de ses 2600 employés montréalais doivent être réaffectés.

Selon l'entreprise, jamais un même studio n'a pu lancer dans un délai si rapproché deux superproductions de l'envergure des nouveaux opus des franchises Assassin's Creed et Far Cry. Le jeu d'exercice Shape Up, au budget plus modeste, s'ajoute à l'exploit.

«En fait, en neuf mois, ce sont cinq jeux, dont trois superproductions, en tenant compte de Watch Dogs et Child of Light. Nous sommes les seuls au monde à pouvoir faire ça», ajoute le PDG d'Ubisoft à Montréal et Toronto, Yannis Mallat.

La fin simultanée de trois projets impliquant au total environ 1200 employés crée toutefois une situation particulière, reconnaît le dirigeant.

«Ça met énormément de stress sur notre équipe de réaffectation.»

Les pratiques d'Ubisoft Montréal ont retenu l'attention dans l'industrie du jeu vidéo au cours des dernières semaines. Contrairement à la pratique habituelle de cet univers, l'entreprise ne remercie pas les employés pour qui elle n'a pas d'autre occupation au terme d'un projet.

Ceux-ci sont plutôt dirigés vers «l'interprojet», où ils continuent de recevoir un chèque de paie et d'occuper leur temps - idéalement de façon formative - en attendant une nouvelle assignation.

Une bonne partie du travail de réaffectation a toutefois été effectuée en amont, l'été dernier, indique toutefois M. Mallat.

«C'est même plus à cette période que ça a été un peu plus difficile», croit-il, parce qu'il fallait alors parler aux développeurs de leur futur projet alors qu'ils étaient en plein sprint.

Far Cry 4: des attentes

Unity, septième épisode de la série Assassin's Creed, sera accessible sur les consoles de nouvelle génération PlayStation 4 et Xbox One, mais pas les anciennes PlayStation 3 et Xbox 360, beaucoup plus nombreuses en circulation.

Cela ne semble pas inquiéter l'entreprise, qui prévoit des ventes comparables à celles des épisodes précédents et déclare ne pas avoir non plus senti d'essoufflement des amateurs.

Pour la première fois, les attentes sont aussi élevées envers Far Cry 4. L'épisode précédent, aussi créé à Montréal, avait été lancé au début de décembre l'an dernier, dans un relatif anonymat. Des premières critiques extrêmement positives ont fini par déclencher un éveil et en faire un succès à retardement qui a relancé la franchise. Mais Ubisoft avait plus ou moins raté la lucrative période de Noël.

«Cette fois, les gens connaissent la franchise et nous avons pu travailler plus longtemps à l'avance avec le marketing, note M. Mallat. Les précommandes sont en train de s'envoler.»

Il ne faudrait d'ailleurs pas s'étonner de voir la franchise Far Cry devenir également un pilier annuel d'Ubisoft.

«Ce qu'on a fait avec Assassin, on est en train de le faire avec Far Cry», confie M. Mallat, en faisant notamment allusion à la création d'une vision à long terme pour la marque.