Les centres de recherche clinique du CHUM, du CUSM et de Sainte-Justine annonceront aujourd'hui un partenariat sans précédent, qui vise à repositionner Montréal sur l'échiquier mondial du développement de médicaments et devrait se traduire par la création d'au moins 500 emplois d'ici 5 ans.

«Il y a eu des efforts de collaboration dans le passé, mais c'est vraiment une première historique que les trois centres hospitaliers universitaires [CHU] s'allient ainsi», a fait valoir une source de haut niveau, impliquée au coeur de ce partenariat.

Avec la construction de deux superhôpitaux à la fine pointe de la technologie - le CHUM et le CUSM - et l'agrandissement majeur entamé à Sainte-Justine, Montréal se retrouvera sous peu avec de toutes nouvelles infrastructures réservées à la recherche. Ces investissements publics totalisent 7 milliards de dollars.

Les dirigeants des trois centres hospitaliers veulent utiliser ces nouvelles installations pour donner un électrochoc à l'industrie de la recherche clinique. L'annonce de ce matin constitue l'un des premiers exemples de retombées financières concrètes liées à la construction de ces établissements.

Accélérer la machine

Le partenariat conclu entre le CHUM, le CUSM et Sainte-Justine permettra «d'uniformiser et de standardiser» les façons de faire des trois centres, en vue «d'optimiser et d'accélérer les processus de mise en place de recherche clinique», explique notre source qui a préféré conserver l'anonymat.

En collaborant de la sorte, les trois groupes espèrent parvenir à contrecarrer la tendance récente, qui a vu une partie de la recherche clinique se déplacer vers les pays émergents. Les investissements ont chuté d'environ 35% depuis 5 ans dans ce secteur au Canada et dans les autres pays industrialisés.

À Montréal, plusieurs géants pharmaceutiques internationaux ont fermé leurs centres de recherches ou en ont réduit la taille. «On parle vraiment d'un changement du modèle d'affaires de l'industrie, qui va vers plus de sous-traitance dans les phases initiales de développement, explique-t-on. Or, Montréal est bien positionné pour réattirer ces investissements.»

On cite l'exemple d'AstraZeneca, qui avait fermé son centre de recherche montréalais en 2012, occasionnant la perte de 132 emplois. Revirement de situation: un nouveau centre de recherche en partenariat public-privé - Neomed - a ouvert ses portes depuis dans les anciens locaux de la multinationale. Il emploie aujourd'hui davantage de travailleurs qu'AstraZeneca à l'époque.

S'il porte les fruits escomptés, le partenariat annoncé ce matin entraînera d'ici 5 ans la création d'au moins 500 postes de chercheurs, de techniciens et de «tous les corps de métier impliqués dans la recherche clinique». Le salaire moyen de ces travailleurs dépasse les 50 000$ par an, fait-on valoir.

À l'heure actuelle, l'industrie des sciences de la vie et des technologies de la santé emploie plus de 40 000 personnes dans la région métropolitaine, selon les données de l'organisme Montréal In Vivo. Ces professionnels sont répartis entre 600 organisations, dont 150 centres de recherche de tailles diverses.

L'industrie estime que de 90 à 95% des investissements faits en recherche clinique restent dans l'économie du Grand Montréal, puisqu'ils sont surtout constitués de salaires versés aux équipes de recherche.

Nouveau centre à Sainte-Justine

Ce projet, qui sera expliqué en détail ce matin par les dirigeants des trois hôpitaux universitaires, sera aussi présenté comme un engagement dans le cadre de la conférence «Je vois Montréal», le 17 novembre prochain.

La Presse Affaires a appris que l'hôpital Sainte-Justine déposera en parallèle un projet en vue de créer une «Cité internationale de la réadaptation pédiatrique» dans un tout nouvel immeuble de 30 à 50 millions de dollars, qui sera rattaché à son pavillon Marie-Enfant.

Les chercheurs de Sainte-Justine, en collaboration avec une série d'intervenants du secteur privé, mènent depuis cinq ans des recherches poussées dans ce champ d'activité. Ils ont notamment développé un système de réalité virtuelle pour la réadaptation en orthophonie et un système d'assistance à la rééducation à la marche.

«L'action que nous soumettons dans le cadre de "Je vois Montréal", c'est la construction d'un environnement plus grand, qui est le Technopôle, puis, dans un deuxième temps, la Cité de la réadaptation, a expliqué en entrevue le Dr Fabrice Brunet, directeur général de Sainte-Justine. Il s'agit d'attirer des gens qui partagent cette vision, des secteurs privé et public, qui vont permettre d'atteindre cet objectif et de démontrer que le résultat de la recherche et du développement apporte un bénéfice pour les enfants.»

«Je vois montréal»

Caisse de dépôt et placement, Banque Nationale, Ubisoft, Desjardins, citoyens et organismes communautaires: les Montréalais ont répondu en grand nombre à l'appel lancé par la BMO et la chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui pilotent depuis quelques mois l'initiative «Je vois Montréal». Les organisateurs espéraient recueillir 120 propositions de projet pour relancer la métropole, lesquelles seront présentées à l'occasion d'un grand sommet le 17 novembre prochain. Ils en ont finalement reçu plus de 165, et les propositions continuaient d'affluer vendredi. Les organisateurs promettent d'assurer un suivi de tous les projets présentés.