Samsung a averti mardi que son bénéfice d'exploitation estimé allait plonger de près de 60% au troisième trimestre dans un contexte de concurrence accrue sur le marché clé des téléphones intelligents.

Le résultat opérationnel pour le troisième trimestre est estimé à 4100 milliards de wons (4,3 milliards de dollars CAN), en baisse de 59,6% par rapport à la même période de l'année dernière.

Les ventes sont estimées quant à elles à 47 000 milliards de wons (49 milliards CAN), en repli de 20,4%.

Le numéro un mondial des téléphones portables a augmenté ses exportations de téléphones intelligents mais «les marges opérationnelles ont décru», a déclaré le géant sud-coréen.

Cette chute s'explique par l'augmentation des dépenses de marketing et des prix de vente moyens en baisse. Le «nombre de modèles haut de gamme a baissé en proportion, à quoi s'est ajouté une réduction des prix pour les modèles plus anciens», dit le groupe.

Samsung a prévenu que l'incertitude resterait de mise dans le secteur des téléphones mobiles au quatrième trimestre. Mais il a promis pour y faire face de nouveaux téléphones intelligents haut de gamme à la «conception innovante», fabriqués avec de «nouveaux matériaux».

En juillet, le groupe avait annoncé un fort recul de ses bénéfices au deuxième trimestre, en recul de 19,5%.

Double concurrence

En dépit de cet avertissement sur résultats, l'action du géant sud-coréen a terminé en hausse de 0,96% à la Bourse de Séoul, à 1,162 million de wons. Les marchés sont en fait si pessimistes «qu'un résultat opérationnel de 4000 milliards de wons représente un soulagement pour les investisseurs», a expliqué Lee Seung-woo, analyste chez IBK Securities.

Samsung Electronics produit une gamme de produits diversifiée allant des puces électroniques à l'électroménager mais plus de la moitié de ses bénéfices proviennent de la téléphonie mobile.

S'agissant du haut du panier, la série des téléphones intelligents Galaxy S subit les assauts des iPhone d'Apple. Le rival américain vient non seulement de lancer son nouvel iPhone 6 mais marche sur les plates-bandes du Sud-Coréen avec l'iPhone 6 Plus, un nouveau modèle de téléphone intelligent à écran élargi.

Samsung est le pionnier de ces téléphones à mi-chemin entre le téléphone et la tablette connus sous le mot valise de «phablette», très populaires en Asie.

Fin septembre, sous la pression d'Apple qui venait d'annoncer avoir vendu plus de 10 millions d'exemplaires de son iPhone 6, Samsung avait avancé la sortie de son nouveau téléphone intelligent à écran géant, le Galaxy Note 4, avec l'espoir de conserver sa place de numéro un.

Pour le moyen et l'entrée de gamme, le géant sud-coréen est soumis à la pression de concurrents chinois comme Huawei et Lenovo qui inondent les pays émergents. Au quatrième trimestre, Samsung prévoit de sortir une nouvelle gamme de téléphones intelligents sur ce segment «avec un positionnement fortement concurrentiel» tant du point de vue de ses caractéristiques que du prix.

Puces

Selon le cabinet de recherche IDC, les ventes de téléphones intelligents dans le monde ont atteint le chiffre record de 295,3 millions d'unités au second trimestre.

Samsung a conforté sa première place, avec 74,3 millions d'unités vendues, soit plus du double d'Apple, mais sa part de marché a fortement diminué, à 25,2%.

Huawei est devenu en très peu de temps le troisième vendeur de téléphones intelligents (6,9%, de part de marché). Son compatriote Lenovo n'est pas très loin avec 5,4%.

En annonçant le lancement prématuré du Galaxy Note 4, Lee Don-Joo, directeur des ventes et du marketing de la division mobile du sud-coréen, avait reconnu que le groupe «traversait une période difficile».

Le dernier modèle vedette de Samsung, le Galaxy S5, n'aurait pas rencontré les fortunes espérées auprès des consommateurs.

Le groupe, qui doit trouver d'autres moteurs de croissance pour prendre le relais des téléphones intelligents, vient d'annoncer un investissement de 15 600 milliards de wons (16,3 milliards CAN) pour construire une usine de fabrication de puces à Pyeongtaek.

Samsung n'a pas décidé quel type de puces il entendait fabriquer mais le sud-coréen est en concurrence avec le taïwanais TSMC lequel fournirait, selon la presse locale, les puces «A8» entrant dans la composition des nouveaux téléphones intelligents d'Apple.