Après près de trois ans de restructuration pour tenter de réagir à la crise du PC, le groupe informatique américain Hewlett Packard (HPQ) a finalement décidé de séparer cette activité historique des plus prometteurs services aux entreprises.

HP a annoncé lundi son intention de se scinder en deux sociétés: le matériel informatique (PC et imprimantes) d'un côté, les services de l'autre. Ce projet doit aboutir d'ici fin octobre 2015, et était salué à Wall Street où l'action HP prenait 4,56% à 36,81 dollars vers 10h15.

«Notre travail des trois dernières années a considérablement renforcé nos principales activités, à un point qui nous permet d'être plus agressif pour saisir les opportunités offertes par un marché qui change rapidement», a commenté la PDG du groupe, Meg Whitman.

Fondé avant la Seconde guerre mondiale dans un garage de Palo Alto (Californie) par William Hewlett et Dave Packard, HP est aujourd'hui l'un des plus gros fabricants mondiaux de PC, même s'il s'est récemment fait évincer de la première place par le groupe chinois Lenovo.

Le marché du PC a toutefois été bouleversé ces dernières années par l'émergence des tablettes informatiques et des téléphones intelligents, qui cannibalisent les ventes d'ordinateurs traditionnels, et HP n'a pas échappé à cette crise.

55 000 suppressions d'emplois

Le prédécesseur de Mme Whitman, Leo Apotheker, avait déjà envisagé la cession des PC juste avant de passer la main en 2011, mais l'une des premières décisions de l'actuelle PDG avait été d'abandonner le projet.

À la place, Mme Whitman avait engagé une intense restructuration, passant notamment par des dizaines de milliers de suppressions d'emplois.

Déjà 36 000 personnes ont quitté HP depuis 2012, et le groupe a encore relevé lundi son objectif final, disant vouloir arriver désormais à 55 000 postes au total, contre jusqu'à 50 000 visés jusqu'ici.

La scission décidée «aujourd'hui a été rendue possible par notre redressement», a affirmé lundi Mme Whitman en expliquant sa décision aux analystes. «Il y a trois ans, cette entreprise était dans une situation plutôt difficile et nous avions besoin de la reconstruire.»

Sa stratégie semble commencer à porter ses fruits: même si les coûts de sa restructuration plombent toujours ses bénéfices, HP a enregistré sur le trimestre achevé fin juillet la première croissance de son chiffre d'affaires en trois ans.

Acquisitions

Les deux futures compagnies issues du géant informatiques seront cotées et leurs titres distribués aux actionnaires existants.

La branche de services sera baptisée Hewlett-Packard Enterprises et Mme Whitman en assurera la direction générale. La seconde, HP Inc., conservera le logo actuel et sera dirigée par Dion Weisler, l'actuel vice-président en charge des PC et imprimantes.

Outre un profil plus clair, les deux entreprises devraient aussi avoir davantage de flexibilité stratégique. «Nous rechercherons activement des fusions et acquisitions», a indiqué aux analystes la directrice financière, Cathie Lesjak, qui conservera ce poste chez Hewlett-Packard Enterprises.

En attendant, le groupe a réitéré sa prévision d'un bénéfice par action hors exceptionnels de 3,70 à 3,74 dollars pour l'exercice qui se terminera fin octobre. Pour l'année suivante, il espère entre 3,83 et 4,03 dollars (les analystes visaient jusqu'ici le milieu de cette fourchette, avec 3,95 dollars en moyenne).

HP n'est pas le premier mastodonte du secteur technologique à faire le choix d'une scission.

La semaine dernière, le géant de la distribution en ligne eBay avait ainsi annoncé son projet de se séparer de sa filiale de paiements PayPal.

Mais la décision de Mme Whitman rappelle surtout celle prise dès 2005 par l'inventeur du PC, IBM, qui avait cédé cette branche d'activité à Lenovo. IBM a continué son recentrage vers les services aux entreprises en décidant en début d'année de vendre ses serveurs d'entrée de gamme, au même Lenovo.

Sans faire de commentaire spécifique sur la décision de HP, le groupe chinois a rappelé lundi qu'il continuait de gagner des parts de marché dans les PC, et ajouté qu'il allait «continuer de profiter de la consolidation de ce secteur pour croître».