Contre toute attente, l'économie canadienne a marqué le pas en juillet après la robuste expansion printanière. La plupart des prévisionnistes s'attendaient à une expansion de 0,25 à 0,3%. Ces faibles résultats les ont poussés à aiguiser leurs crayons et à diminuer à près de 2,5% leur prévision de croissance annualisée pour le troisième trimestre.

Il s'agit d'une nouvelle peu encourageante pour le Québec, qui a connu un deuxième trimestre beaucoup plus faible que la moyenne canadienne: 0,7% en rythme annualisé, comparativement à 3,1%. Et moins encourageante encore pour le ministre des Finances Carlos Leitao qui, il y a quelques jours à peine, avait toujours espoir d'atteindre la cible d'un déficit contenu à 2,35 milliards, étant donné l'amélioration relative de l'économie observée le printemps dernier.

Le produit intérieur brut (PIB) réel mesuré par industrie avait alors augmenté de 0,4% en juin et de 0,2% en mai, comparativement à 0,3% et 0,5% respectivement au Canada.

La quasi-stagnation réelle de la production canadienne en juillet (+ 0,04% pour être précis) est le résultat de variations qui ne présagent rien de bon pour ce qu'aura été celle du Québec. (Les chiffres officiels, publiés par l'Institut de la statistique du Québec, ne seront connus que le 23 octobre.)

L'examen des données de Statistique Canada fait ainsi état d'un bond bienvenu de 1% de la production en usines. Celle-ci est toutefois surtout attribuable à la fabrication de matériel de transport, des voitures en particulier. Bref, un gros plus pour l'économie ontarienne, essentiellement.

On peut se réjouir que le segment manufacturier canadien ait atteint en juillet un nouveau sommet pour le présent cycle, supplantant celui de l'automne 2011.

Il serait étonnant que celui du Québec en ait fait autant, à la lumière de deux indicateurs déjà disponibles.

Ainsi, les ventes des fabricants canadiens ont bondi de 2,5% en juillet, alors que ceux du Québec ont augmenté de 0,4% à peine. Les volumes d'exportations canadiennes étaient en hausse de 1,1%, tandis que ceux du Québec ont chuté de 8,9% en dépit d'une augmentation des livraisons d'électricité.

La production de services publics, qui inclut électricité et pipelines, a chuté de 2,3% en juillet. Il s'agissait de la quatrième baisse mensuelle d'affilée que Statistique Canada attribue cette fois-ci à l'été plus froid qui a diminué les besoins de climatisation.

Lundi, l'agence fédérale avait indiqué que la production d'électricité du Québec était inférieure de 3,1% à celle de juillet 2013, malgré l'accroissement de la production des éoliennes.

D'un océan à l'autre, la construction a progressé de 0,4%. Il est bien difficile de jauger ce qu'aura été celle du Québec, compte tenu des effets des vacances de la construction pour les chantiers d'importance, mais pas pour le segment résidentiel, au cours du mois. Dans le reste du Canada, l'industrie n'est pas soumise à cette contrainte de production.

Du côté des services, les ventes des détaillants ont légèrement reculé de 0,1%. Au Québec toutefois, le repli atteint 1,3%. L'écart légèrement favorable au Québec pour les ventes de gros ne suffit pas à combler la différence observée chez les détaillants.

Quant au marché du travail, on sait que celui du Québec est en pleine léthargie. En juillet, le nombre de salariés a encore reculé de 5300, alors qu'il a augmenté de 42 300 selon les données de l'Enquête canadienne sur la rémunération et les heures de travail, qui se montre cette année moins volatile que l'Enquête sur la population active (EPA), qui ne projette pas non plus de mirage sur la situation de l'emploi au Québec.

Il reste maintenant à voir si la stagnation observée en juillet s'est poursuivie en août. Les données de l'EPA le présagent, mais elles se sont révélées souvent trompeuses par le passé.

Celles sur le commerce international de marchandises, publiées vendredi, seront un indicateur plus significatif. Vous souvenez-vous s'il y a eu plusieurs jours de canicule au mois d'août?