Les investisseurs ont été patients, il est maintenant temps pour Neptune Technologies et Bioressources de respecter ses engagements.

C'est ce qu'indique le président et chef de la direction par intérim de Neptune, André Godin, dans une entrevue avec La Presse Affaires, alors que la nouvelle usine de l'entreprise à Sherbrooke n'a toujours pas atteint son plein rendement.

Elle remplace une usine qui a été lourdement endommagée à la suite d'une explosion et d'un incendie en novembre 2012. La tragédie avait provoqué la mort de trois personnes et avait causé des blessures à une trentaine d'autres employés.

Neptune avait alors dû mettre fin à sa production.

Neptune produit de l'huile de krill, une source d'oméga-3 utilisée en pharmaceutique. L'entreprise a breveté la composition de son produit «premium», le NKO (Neptune Krill Oil), ainsi que le procédé d'extraction qui en est à l'origine. Mais Neptune produit aussi de l'huile de krill plus classique, semblable à ce que fait la concurrence.

Entrée en service à la mi-juillet 2014, avec plusieurs mois de retard sur l'échéancier initial, la nouvelle usine a atteint un premier objectif à la mi-août, soit un fonctionnement au tiers de sa capacité. Cette semaine, elle est parvenue aux deux tiers de sa capacité.

«Nous espérons être à 100% de capacité d'ici la fin de l'année, idéalement en novembre, affirme M. Godin. Les investisseurs nous ont soutenus, ils ont cru à notre plan de relance. Là, il faut livrer.»

Difficultés



L'augmentation de la production ne se fait cependant pas sans difficulté: un grand nombre d'anciens employés sont revenus, mais il y a plusieurs nouveaux qui sont en processus d'apprentissage.

En outre, les normes de fabrication du NKO sont très élevées, ce qui est difficile à respecter dans une nouvelle usine. Neptune produit donc davantage d'huile conventionnelle.

Enfin, les inspecteurs de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et du ministère de l'Environnement se sont fait très présent tout au long du processus de relance, ce qui a entraîné des délais.

«Si j'avais été dans leurs souliers, j'aurais probablement agi de même», reconnaît M. Godin.

Neptune a connu un autre bouleversement. Il y a moins de six mois, le principal actionnaire de l'entreprise, l'Américain George Haywood, a obtenu l'appui d'autres actionnaires pour réclamer des changements à la haute direction de Neptune. Le président et fondateur de l'entreprise, Henri Harland, a quitté ses fonctions et a été remplacé de façon intérimaire par M. Godin, alors chef de la direction financière. Cinq des huit administrateurs de Neptune ont également été remplacés.

Neptune se cherche encore un président, mais M. Godin note qu'il est un des candidats en lice.

Il affirme qu'il travaille de près avec le nouveau conseil d'administration pour revoir le plan d'affaires de Neptune.

Vente au détail



La direction examine plusieurs idées. À l'heure actuelle, Neptune vend son huile de krill à des entreprises qui les incorporent dans leurs produits pharmaceutiques. Il pourrait être question de vendre directement l'huile de krill au détail, dans les pharmacies, sous la marque Neptune. Ou encore de procéder par internet.

M. Godin indique que Neptune cherche également à diversifier ses produits en offrant une huile à base d'autres types de crustacés.

Des crustacés semblables au krill seraient soumis aux mêmes brevets, ce qui serait particulièrement avantageux pour Neptune, qui tient à protéger sa propriété intellectuelle.

«L'accident nous a fait reculer, reconnaît M.Godin. Par défaut, nous avons laissé la compétition prendre des parts de marché.»

Neptune a réussi à garder plusieurs clients en leur offrant de l'huile de krill de ses concurrents. Il ne lui a toutefois pas été possible de faire du développement de marché.

«Nous avons maintenu de 60 à 70% de nos revenus, mais avec des marges infimes, indique le président intérimaire. Et comme nous n'avions pas d'usine, il était difficile de faire de la prospection, de trouver de nouveaux clients avec l'huile de la concurrence.»

Selon M. Godin, il est maintenant temps de passer à l'action. «Nous n'avons pas le choix: 2015 sera une année d'exécution.»