Les ambitions de Québecor (T.QBR.B) quant à son éventuelle expansion pancanadienne dans le secteur du sans-fil pourraient être freinées par le rachat de la participation de l'actionnaire majoritaire de Wind Mobile, croient certains analystes financiers.

Un groupe d'investisseurs, composé notamment du fondateur de l'entreprise de télécommunications Tony Lacavera et de la firme canadienne West Face Capital, ont conclu une entente de principe pour mettre la main sur la participation de VimpelCom, une société russe qui cherche à quitter le marché canadien.

La transaction est évaluée à environ 300 millions de dollars, dont 135 millions destinés à VimpelCom.

M. Lacavera, qui détient déjà environ 35% de Wind Mobile, semble bel et bien avoir l'intention de concurrencer les trois plus grands joueurs canadiens - Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]], Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]] et Telus [[|ticker sym='T.T'|]] -  qui contrôlent près de 90 pour cent du secteur canadien des services sans fil.

Si Québecor planche toujours sur un projet d'expansion, le conglomérat québécois devra entamer une réflexion avant de s'aventurer dans des provinces où la concurrence est déjà très féroce, croit Eamon Hoey, de la firme Hoey Associates.

«Ils vont devoir retourner à la table pour se demander si vraiment ils veulent s'établir dans les autres provinces, a-t-il dit, au cours d'un entretien. Ça serait difficile pour Vidéotron, qui n'ont pas une marque forte dans le reste du Canada.»

Québecor discute avec d'éventuels partenaires pour mettre sur pied son réseau sans fil pancanadien, mais le conglomérat a prévenu que l'aboutissement du projet dépendrait du gouvernement fédéral, qui devra changer certaines de ses règles afin de lui faciliter la tâche.

Son président et chef de la direction, Pierre Dion, a exhorté Ottawa à revoir sa politique sur les frais d'itinérance facturés à une entreprise ayant recours au réseau d'une autre compagnie afin d'offrir du service sans fil dans des zones qui ne sont pas couvertes par son spectre de fréquences.

Si rien ne change, Québecor - qui possède plus de 500 000 clients sans fil - étudiera différents scénarios pour le spectre sans fil acquis en Ontario, en Alberta ainsi qu'en Colombie-Britannique pour 233 millions.

«Moi, je me servirais du spectre dont ils (Québecor) disposent pour réduire mes coûts», a observé M. Hoey.

Par l'entremise de son porte-parole Martin Temblay, Québecor a indiqué qu'elle ne commenterait pas le dossier.

Le conglomérat québécois pourrait toujours tenter de mettre la main sur Wind Mobile, mais selon M. Hoey, il serait très surprenant de voir M. Lacavera laisser aller son entreprise, qui compte quelque 750 000 clients, principalement en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.

«M. Lacavera et Wind Mobile ça date de près de 20 ans, a souligné M. Hoey. C'est un mordu des affaires qui a toujours rêvé d'être un gros joueur.»

De son côté, Philip Huang, de la firme britannique Barclays Capital, estime que Wind Mobile profitera d'un élan à l'avenir, ce qui devrait réduire les chances de voir Québecor prendre un risque financier pour s'étendre hors du Québec.

«D'un point de vue réglementaire, (la situation actuelle) serait satisfaisante pour le gouvernement (fédéral), qui veut avoir quatre entreprises dans chacun des grands marchés au moins jusqu'à la prochaine élection fédérale en octobre 2015, ce qui freinerait l'urgence d'adopter de nouvelles politiques», écrit-il dans un rapport.

Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, est un peu plus optimiste, puisqu'il croit que la situation actuelle de Wind Mobile ne ferme pas la porte à un partenariat avec la société québécoise.

«La direction de Québecor a dit depuis longtemps qu'elle aurait besoin d'un partenaire pour mettre sur pied une plateforme nationale» souligne l'analyste dans une note envoyée par courriel.

Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, semble être du même avis. Sans fournir d'échéancier, l'analyste croit qu'ultimement, le quatrième joueur national dans le secteur du sans-fil pourrait bien être formé par Wind Mobile et Québecor.