Si on ne tient compte que de leur bulletin de paie, les Québécois et les habitants des Maritimes sont les moins choyés des Canadiens. Ce sont eux qui encaissent en 2014 les plus faibles augmentations de salaires. Deux enquêtes publiées jettent un regard sur la situation d'un océan à l'autre.

3%

L'augmentation moyenne des salaires se situera entre 2,8 et 3% en 2015 au Canada. La croissance est sensiblement similaire à celle de 2014, selon des enquêtes de Mercer et de Morneau Shepell. «Si elles sont légèrement supérieures, les augmentations salariales suivent habituellement l'inflation, explique Benoit P. Durocher, économiste principal du Mouvement Desjardins. Notre prévision de 2014 était de 2% et celle de 2015, de 1,8%. [...] Dans les provinces où le taux de chômage est plus faible, comme en Alberta (4,7%) et en Saskatchewan (3,2%), il y a une pression plus forte pour de meilleurs salaires. Donc les augmentations sont plus notables.»

Pauvre Québec!

Au Québec, comme pour les provinces des Maritimes, l'augmentation prévue est de 2,8%, selon l'enquête de Mercer à laquelle ont participé 696 dirigeants d'entreprise. «Contrairement à l'Alberta, le Québec a une économie plus variée, comme en Ontario d'ailleurs, dit Luc Lalonde, conseiller principal de Mercer. Le secteur du [commerce de] détail, où les hausses sont généralement moins prononcées, peut notamment expliquer un pourcentage plus faible au Québec.»

Vive l'Alberta!

Les Albertains bénéficieront des hausses salariales les plus élevées, soit de 3,2% en moyenne, selon l'enquête de Mercer. C'est tout de même un léger recul comparativement à 2014 (3,3%). Ces pourcentages s'expliquent aussi par la concentration d'emplois dans le secteur de l'énergie, plus propice aux augmentations salariales notables. La Saskatchewan suit avec une hausse moyenne prévue de 3,1%.

Énergie

Les secteurs minier, pétrolier et gazier auront effectivement les hausses les plus marquées, soit de 3,4%, selon Morneau Shepell. «Ces résultats ne sont pas étonnants, dit Frédéric Bessette, conseiller principal de Mercer, dans un communiqué. Au cours des cinq dernières années, l'écart entre la prévision nationale et celle du secteur de l'énergie a été d'environ 1%. Si on fait abstraction du secteur de l'énergie dans l'échantillon national, l'augmentation de salaire moyenne projetée est ramenée à 2,9%.»

Soyez performants!

L'atteinte des objectifs paye! Les employeurs du Canada estiment qu'ils hausseront de 5,2% le salaire de leurs employés les plus performants. À l'opposé, ces hausses seront de l'ordre de 0,3% pour les moins performants.

«Les employeurs qui prévoient une augmentation appréciable des revenus, des budgets d'exploitation et des effectifs sont quatre fois plus nombreux que ceux qui prévoient une réduction, mentionne Michel Dubé, directeur, groupe de Services-conseils en rémunération de Morneau Shepell, dans un communiqué. Mais malgré leur optimisme, ils se montrent prudents quant aux augmentations salariales qu'ils accordent, probablement à cause des pressions moindres exercées par la concurrence dans un contexte où le taux de chômage est relativement élevé et où le taux d'inflation est faible.»

Les patrons les plus avantagés

La haute direction et les cadres ont obtenu des hausses moyennes respectives de 3,2% et 3,1% en 2014. Mais l'écart entre la moyenne globale nationale et celle des gens occupant des postes supérieurs sera moins prononcé en 2015.