«Note à Wall Street: Changez votre état d'esprit (concernant BlackBerry) et mettez un nouvel analyste au boulot avant que vous manquiez une réelle opportunité», prévenait déjà en janvier le site d'analyse boursière Citron Research. Fait rare, Citron, qui se spécialise dans la démolition de titres, se déclarait «acheteur» des actions étiquetées «BB».

Bien vu, car l'entreprise ontarienne s'avère une affaire des plus juteuses en Bourse avec un gain de plus de 32% depuis le début de l'année. Le titre, en hausse de 1,2% dans un marché par ailleurs baissier, cotait à 10,27$ à la fermeture de la Bourse de Toronto, hier. Il avait monté jusqu'à 12,37$ à la mi-juillet avant de se replier avec le marché.

Les actionnaires de BlackBerry [[|ticker sym='T.BB'|]] peuvent se réjouir de n'avoir rien perdu depuis le rejet de l'offre de 9$US pièce du fonds d'investissement privé canadien Fairfax Financial, en septembre dernier. Les investisseurs de la bulle internet des années 2000 n'ont pas encore cette chance. Les actions de BlackBerry, alors connu sous le nom de Research in Motion, valaient jusqu'à 148$ pièce en 2008.

Mission accomplie

«Nous avons terminé notre processus de restructuration et la réduction de la force de travail qui a commencé voilà trois ans est maintenant derrière nous», a enfin pu annoncer le président de BlackBerry, John Chen, à ses employés, vendredi dernier. Des employés qui ne sont plus que 7000 environ, contre 17 500 en 2011.

Mais c'est cette structure plus légère qui permet à l'ancien RIM d'aborder son renouveau axé sur la sécurité mobile. L'entreprise n'abandonne pas les téléphones intelligents à clavier, toujours appréciés, mais vise une cible plus précise.

BlackBerry a déjà repris le chemin des acquisitions. Elle a signé à la fin du mois de juillet son premier rachat depuis deux ans et demi, celui de l'allemand Secusmart. Cette société est connue pour sécuriser le BlackBerry de la chancelière allemande Angela Merkel. Le fabricant ambitionne d'équiper les dirigeants politiques partout dans le monde et de contrecarrer les plans de SGP Technologies avec son Blackphone crypté.

Pour remettre BlackBerry sur pied, John Chen a également cédé des actifs non stratégiques comme ses avoirs immobiliers. Plus récemment, il s'est séparé de son centre de recherche et développement en Allemagne. Le fabricant essaie également d'optimiser sa chaîne de production en partenariat avec l'assembleur taïwanais Foxconn.

Prochaine étape

Maintenant que l'entreprise a «la bonne structure», le grand patron, connu pour avoir redressé l'éditeur de logiciels Sybase dans les années 90, se dit persuadé de sortir du rouge en 2015, mais avoue n'avoir «plus le droit à l'erreur».

John Chen a pris la direction de BlackBerry il y a moins d'un an. Il avait alors confié avoir trouvé l'entreprise dans un pire état que ce qu'il avait imaginé. Il faut rappeler qu'en 2009, le fleuron de Waterloo occupait le deuxième rang mondial des fabricants de téléphones intelligents, derrière Nokia et devant Apple. Sa part de marché n'était plus que de 0,6% au deuxième trimestre de 2014, selon Strategy Analytics.

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LA RECOMMANDATION

Les analystes demeurent réservés concernant BlackBerry, mais sont un peu plus nombreux à s'y intéresser comme suggéré par Citron. Ainsi, 10 recommandent la vente du titre, 24 conseillent de le conserver et 5 seulement sont acheteurs, selon la dernière recension de l'agence financière Bloomberg. L'analyste Daniel Chan, de Scotia Capital, croit que BlackBerry peut devenir le «Google ou Twitter du web 3.0» avec son infrastructure sécurisée. Mais ces services ne rapporteront pas avant deux à cinq ans, prévient-il.