Sans la réduction du crédit d'impôt par le gouvernement Couillard, Technicolor aurait doublé la taille de son studio d'effets visuels à Montréal et créé au moins 200 emplois de plus, a appris La Presse. Mais la modification du crédit d'impôt force la multinationale française à refaire ses calculs et à considérer plusieurs villes, dont Montréal.

Technicolor doit déterminer où aura lieu la prochaine phase d'expansion de sa filiale Moving Picture Company (MPC), qui conçoit les effets visuels de films européens et nord-américains. Une expansion qui signifiera au moins 200 nouveaux emplois. En entrevue à La Presse, le grand patron de Technicolor a été clair: sans la réduction du crédit d'impôt québécois, il aurait privilégié le scénario de Montréal, où son studio de 250 employés lancé l'an dernier aurait accueilli ces 200 personnes supplémentaires.

«La décision aurait été très facile à prendre il y a deux ou trois mois, mais nous n'étions pas mûrs pour la prendre à ce moment-là. Maintenant, nous le sommes», dit Frédéric Rose, directeur général du Groupe Technicolor, en entrevue à La Presse. Technicolor doit prendre une décision d'ici la fin de l'été.

Ce qui a changé depuis trois mois: au début du mois de juin, le gouvernement Couillard a diminué le crédit d'impôt pour les effets visuels de 45% à 36%, une réduction relative de 20% en attendant le rapport de la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise. «Cette décision nous amène à nous reposer la question sur la localisation de notre prochain gros investissement», dit Frédéric Rose.

Trois studios au Canada

Technicolor/MPC compte trois studios d'effets visuels au Canada. La multinationale s'est d'abord installée à Vancouver, où sa présence est importante. En 2013, elle a ajouté un studio de 200 à 250 employés à Montréal. Le mois dernier, elle a fait son entrée à Toronto en faisant l'acquisition de Mr. X, un studio d'effets visuels de plus de 200 employés. Jusqu'au dernier budget Leitao, le crédit d'impôt pour effets visuels était de 45% au Québec et en Ontario, et de 39% en Colombie-Britannique. Maintenant, le Québec offre le crédit d'impôt le moins généreux des trois provinces, soit 36%.

Le grand patron de Technicolor se dit «préoccupé» par la baisse du crédit d'impôt québécois et a hâte de «faire valoir [son] point de vue en temps voulu» lors de la commission de révision de la fiscalité dirigée par le professeur Luc Godbout. «Le gouvernement est libre de ses choix budgétaires, dit Frédéric Rose. Sur le fond, je reste confiant dans le bon sens québécois. Il est important de continuer à développer l'industrie. [...] J'ai vraiment besoin de comprendre. Il faut un message de stabilité.»

Objectifs d'effectifs dépassés

En septembre dernier, Technicolor/MPC a annoncé officiellement la création d'un studio d'effets visuels comptant entre 200 et 250 employés à Montréal d'ici le printemps, ce qui a porté le nombre total d'employés de Technicolor dans la métropole à 500, en incluant les autres divisions de la multinationale française. Selon Frédéric Rose, ces objectifs d'effectifs au Québec ont été «dépassés». En plus du crédit d'impôt, Technicolor/MPC a aussi reçu un prêt sans intérêt de 1,2 million du gouvernement du Québec. Coût réel de cet avantage pour Québec: 500 000$ sur deux ans.

Au cours de la dernière année, le nouveau studio montréalais de Technicolor/MPC a travaillé sur les effets visuels du film X-Men: Days of Future Past, sorti sur grand écran en mai dernier. «Les effets visuels du dernier X-Men ont presque été faits entièrement à Montréal, dit Frédéric Rose. Nous sommes très contents de la qualité du travail à Montréal, nos clients aussi.» Les deux seuls autres projets de Technicolor/MPC Montréal révélés jusqu'à maintenant: Cinderella et Into the Woods, deux projets du studio Disney.