De très bons rendements boursiers ont tout juste compensé la baisse des taux d'intérêt obligataires à long terme, au deuxième trimestre. Au final, la solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées a pu maintenir ses gains de la dernière année, sans les améliorer toutefois.

Le taux de solvabilité médian se situait aux environs de 95%, selon l'échantillon de quelque 275 régimes des secteurs public, semi-public et privé canadiens colligé par la firme Aon Hewitt. Un taux de solvabilité de 95% signifie qu'en cas de terminaison d'un régime, la valeur marchande de l'actif correspond à 95% de celle de ses engagements.

Autrement dit, un retraité dont le régime serait liquidé pour des raisons de faillite du promoteur, par exemple, aurait droit à 95% de sa rente promise pour le reste de vie.

Un taux de solvabilité médian de 95% n'avait pas été observé encore depuis l'automne 2007. Près de deux régimes sur cinq sont désormais à flot, grâce avant tout ce trimestre-ci aux cotisations d'équilibre des promoteurs qui auront fait la différence entre de bons rendements boursiers et obligataires d'une part et la chute de taux d'intérêt à long terme.

Au 31 décembre, le taux d'une obligation canadienne venant à échéance dans 30 ans s'élevait à 3,24%. Au 30 juin, ce n'était plus que 2,78%.

«Le passif de solvabilité est très sensible aux mouvements des taux d'intérêt, c'est pourquoi beaucoup de caisses de retraite ont réduit ce risque en augmentant l'appariement des actifs de la caisse avec le passif de solvabilité, explique Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell. L'augmentation de l'appariement se fait en créant un portefeuille d'obligations qui réagit de la même manière aux mouvements des taux d'intérêt que le passif de solvabilité.»

Sur une base de continuité toutefois, la robustesse des rendements aura permis d'améliorer la capitalisation des régimes, au grand soulagement des employeurs.

«Les promoteurs de régimes qui ont profité du rendement des marchés boursiers en 2013 et au cours du premier semestre de 2014 ont peut-être dangereusement baissé la garde, prévient Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite d'Aon Hewitt. En cas de correction boursière cet été, le ratio de solvabilité pourrait très bien baisser de nouveau.»

Parmi les éléments de volatilité toujours présents, on ne peut négliger le taux de change. Au premier trimestre, la dépréciation du dollar canadien face au billet vert avait gonflé le rendement des actions américaines. Au deuxième trimestre, l'indice S&P 500 a progressé de 5,2% dans sa devise, rendement ramené à 1,6% en dollars canadiens. Passé de la parité à moins de 90 cents US d'équivalence de janvier à mars, notre huard flirtait avec les 94 cents US, à la fin de juin.

Du côté de l'actif, les régimes de retraite ont pu compter sur un rendement de 2,7 à 3,0% au deuxième trimestre, selon la composition de leurs placements. Un régime type, composé de 60% d'actions et de 40% d'obligations aura mieux fait qu'un autre dont la composition est inverse, selon les calculs de la firme Morneau Shepell.

Un régime plus lourd en titres à revenus fixes correspond en général à celui dont le poids des retraités au sein des participants est plutôt élevé.

Ce sont aussi les régimes qui privilégient souvent les obligations de plus longue échéance, ce qui aura pu se révéler payant au printemps.

Si les obligations ont donné un rendement étonnant de 2,0% au printemps, les titres à long terme ont produit une plus-value de 3,8%, et même de 9,1% depuis le début de l'année. Ce n'est pas si loin des 12,9% de l'indice S&P/TSX, l'indice vedette de l'année jusqu'ici.