Deux grands prestigieux quotidiens américains, le Washington Post et le New York Times, se sont engagés ensemble dans un projet visant à associer davantage leurs lecteurs en ligne, qui pourront par exemple publier, outre des commentaires, des photos ou des liens.

Grâce à 3,89 millions de dollars de la fondation Knight, les deux journaux se sont associés avec le moteur de recherche Firefox de Mozilla pour «concevoir une nouvelle plate-forme de contenus et de commentaires qui permettra aux lecteurs de collaborer davantage à la couverture de l'actualité et (...) aider les entreprises de presse à mieux gérer les commentaires et les contributions», selon un communiqué commun.

Le projet vise à aller au-delà des simples commentaires des lecteurs, et leur permettre de publier des photos ou des liens, tout en surveillant les discussions, gérant leurs contributions et leurs identités en ligne.

«Il ne s'agit pas d'une nouvelle plate-forme de commentaires pour éditeurs; il s'agit d'une plate-forme d'édition pour les lecteurs», a expliqué Greg Barber, directeur des nouveaux projets numériques au Washington Post, racheté récemment par le patron du distributeur en ligne Amazon, Jeff Bezos.

Ce système pourrait être utilisé par d'autres médias comme une option alternative aux logiciels brevetés.

«Internet propose toutes sortes de moyens nouveaux et enthousiasmants pour collaborer avec les (lecteurs) bien au-delà des commentaires omniprésents - et souvent horribles - à la fin des articles», a fait valoir Dan Sinker, de Mozilla, chef du projet Knight-Mozilla Open News.

Marc Lavallee, responsable des nouvelles technologies interactives au New York Times, estime que ce projet leur «donne l'occasion de créer une solution flexible pour leur secteur».

Pour Marie Gilot, de la fondation Knight, il permettra d'avoir des lecteurs qui collaborent davantage avec les médias, tout en permettant un meilleur suivi des commentaires.

«Que les commentateurs soient anonymes ou non, les attaques vicieuses, à caractère sexuel ou même racistes sont fréquentes», a-t-elle déploré.

Or «lecteurs et chercheurs cherchent dans les commentaires des signaux sur la manière dont les gens réagissent à une histoire. Ils aiment lire les contributions d'experts dans ces commentaires, et ils font plus attention à leurs propres commentaires si ces derniers sont publiés de manière permanente et leur sont nommément attribués», a-t-elle relevé.