L'économie américaine ne s'est jamais mieux portée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le gaz naturel à bas coût et un retour en force du secteur manufacturier forment la base de cette renaissance industrielle américaine.

Tel est le constat du nouvel ambassadeur américain au Canada, Bruce Heyman, qui était hier invité par le Conseil des relations internationales de Montréal et a été interviewé publiquement par Raymond Chrétien, ambassadeur du Canada à Washington entre 1994 et 2000 et maintenant associé chez Fasken Martineau. «Les fondations de l'économie américaine sont plus solides qu'à n'importe quel moment dans la vie de quiconque dans cette assemblée [NDLR: M. Chrétien a 72 ans], a dit M. Heyman. Oui, les compagnies ont congédié des gens, mais elles ont des réserves monétaires incroyables et ont fait des investissements technologiques incroyables. Le secteur manufacturier a créé 600 000 emplois depuis la récession, sa meilleure performance depuis les années 90. Il y a beaucoup d'internalisation insourcing et onsourcing, le contraire de outsourcing.»

Bruce Heyman a longuement travaillé comme banquier. Comme gestionnaire de patrimoine à Goldman Sachs, il a notamment couvert l'économie canadienne. Il a été l'un des principaux artisans des collectes de fonds de Barack Obama lors de son parcours vers la présidence américaine. La presse américaine le décrivait comme un «méga-collecteur de fonds».

Protectionnisme

La menace du protectionnisme est-elle réelle? «On a tendance à exagérer, a répondu M. Heyman. Il y a éventuellement une exemption pour le Canada, notamment pour la plupart des clauses du Buy America Act. Il s'agit d'intérêts très petits par rapport à des échanges commerciaux de 734 milliards US.»

Depuis son arrivée, M. Heyman s'est fait le champion des passages rapides des personnes et des biens à la frontière. «Nous avons plus de 30 programmes dans le cadre du projet Par-delà la frontière, dit M. Heyman. Certains vont très bien, d'autres moins. Le programme Nexus, par exemple, fonctionne très bien, mais il y a six mois d'attente pour avoir une carte Nexus. Nous voulons réduire cela. Il y a des projets-pilotes pour l'inspection des camions avant la frontière, pour éviter qu'un camion qui doit être inspecté en profondeur ne ralentisse la file derrière lui.»

Les négociations entre le Canada et les États-Unis sur un «accord de précontrôle» progressent bien, selon M. Heyman. «On est à l'équivalent de la période de prolongation durant une bonne partie de hockey.»