Le Fonds monétaire international (FMI) a sabré lundi sa prévision de croissance aux États-Unis et mis en garde le pays contre son niveau de pauvreté et le relèvement prématuré des taux directeurs de la Fed.

Dans son rapport annuel sur le pays, le Fonds note l'actuel «rebond significatif» de l'économie américaine, mais juge toutefois qu'il ne suffira pas à compenser la «perte d'élan» du premier trimestre liée à un hiver rigoureux et une demande mondiale plus faible.

En conséquence, le produit intérieur brut américain ne devrait progresser que de 2% cette année --contre 2,8% prévus en avril-- marquant une quasi-stagnation par rapport aux 1,9% enregistrés en 2013, estime le FMI qui maintient en revanche sa prévision pour 2015 (3%).

Selon le Fonds, les créations d'emplois restent dynamiques aux États-Unis, mais le marché du travail est «plus faible» que ce suggère le chiffre du taux de chômage, qui décline lentement (6,3% en mai).

L'institution s'inquiète notamment du nombre élevé de chômeurs de longue durée et du faible taux d'activité, qui mesure la part de la population active occupant un emploi.

Selon le FMI, un retour à un marché de l'emploi «robuste» est pourtant requis pour permettre au pays de lutter contre la pauvreté qui touche, selon l'institution, près de 50 millions d'Américains.

Appuyant la volonté de l'administration Obama, l'institution appelle dès lors à relever le salaire minimum fédéral américain, actuellement à 7,25 dollars de l'heure, au risque de froisser l'opposition républicaine et les milieux d'affaires, vent debout contre une telle mesure.

Se penchant sur la politique monétaire américaine, le FMI assure que la Banque centrale américaine (Fed), qui se réunit mardi et mercredi à Washington, doit faire face à de «nombreuses zones d'incertitude» liées notamment à l'état réel du marché du travail.

Le FMI pointe également le risque de nouvelles turbulences financières, notamment dans les pays émergents, au moment où la Fed décidera de relever ses taux directeurs, maintenus proches de zéro depuis fin 2008 afin de soutenir la reprise.

Pour l'heure, la Fed a indiqué qu'une première remontée des taux devrait avoir lieu à la mi-2015, mais le Fonds estime qu'il serait peut-être plus sage d'attendre encore un peu face à l'incertitude ambiante.

«Les taux peuvent se permettre de rester proches de zéro au-delà de la date de la mi-2015 actuellement envisagée par les marchés», assure le Fonds.