Le fabricant américain d'appareils médicaux Medtronic (MDT) a annoncé dimanche le rachat de son concurrent Covidien (COV) pour 42,9 milliards de dollars aux termes d'une opération qui lui permettra de réduire son ardoise fiscale en se domiciliant en Irlande.

Aux termes de l'opération, le groupe américain quittera son siège historique de Minneapolis (nord des États-Unis) pour se domicilier fiscalement en Irlande où est basé Covidien et où le taux d'imposition sur les bénéfices (12,5%) est bien plus faible qu'aux États-Unis (35%).

La transaction, qui se fera en liquide et en actions, doit encore être approuvée par les régulateurs et donnera naissance fin 2014-2015 à un géant du secteur de 87 000 employés présent dans plus de 150 pays, a indiqué Medtronic dans un communiqué.

«Cette acquisition va permettre à Medtronic de toucher plus de patients, de manière différente et dans plus d'endroits», s'est félicité Omar Ishrak, son directeur général cité dans le communiqué.

Afin de convaincre sa cible, Medtronic a accepté de verser 35,19 dollars en argent pour chaque titre Covidien ainsi que 0,956 de ses propres actions. Au total, cela représente une plus-value de 29% par rapport au cours de clôture de l'action Covidien vendredi.

«Cette transaction offre à nos actionnaires une plus-value immédiate et leur permet de profiter de la montée en puissance du potentiel de la nouvelle entité créée» par la fusion, a commenté José Almeida, le directeur général de Covidien, cité dans le communiqué.

La fiscalité des entreprises en débat

L'opération permettra à Medtronic, qui fabrique des appareils orthopédiques et cardiovasculaires, de se diversifier et de consolider son rang de leader mondial dans la technologie et les services médicaux, affirme le communiqué. Covidien conçoit, lui, des appareils utilisés dans la chirurgie.

Mais au-delà des synergies industrielles, la transaction lui permettra de réduire significativement son ardoise fiscale en profitant d'une disposition américaine permettant aux multinationales de maintenir l'ensemble de leurs activités aux États-Unis tout en domiciliant leur quartier général dans des pays à faible fiscalité, comme l'Irlande ou les Pays-Bas.

Récemment, le géant pharmaceutique Pfizer a tenté d'adopter cette stratégie en jetant son dévolu sur le britannique AstraZeneca, un rachat qui lui aurait permis de se domicilier au Royaume-Uni où le taux d'imposition est, là aussi, plus faible qu'outre-Atlantique.

L'opération a toutefois échoué en dépit des 117 milliards de dollars mis sur la table par Pfizer, qui espérait, selon les experts, économiser ainsi entre 1 à 2 milliards de dollars d'impôts par an.

Cette stratégie, baptisée «tax inversion» en anglais, est toutefois de plus en plus dans le collimateur de certains élus aux États-Unis qui mettent en avant le manque à gagner potentiel pour les caisses de l'État.

Le débat porte plus généralement sur les techniques d'optimisation fiscale de certaines multinationales qui préfèrent notamment stocker leurs bénéfices à l'étranger plutôt que de les rapatrier aux États-Unis où ils seraient taxés à 35%, l'un des taux plus élevés du monde industrialisé.

Des grands noms de l'informatique comme Apple ont été récemment placés sur le grill aux États-Unis pour avoir recours à ces méthodes. De leur côté, les grandes entreprises américaines font valoir qu'elles sont désavantagées par rapport à leurs concurrentes étrangères.

Conscient de la sensibilité du débat, Medtronic a pris soin, dans son communiqué, de clamer son attachement aux États-Unis en s'engageant à y investir 10 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

«La technologie médicale est cruciale pour l'économie américaine et nous continuerons d'investir, d'innover et de créer des emplois bien payés» dans le pays, s'est défendu le patron de Medtronic.