Couleurs flashy et petit coeur: le très sérieux hebdomadaire américain Bloomberg Businessweek se donne cette semaine des airs de revue pour jeunes filles pour moquer la «Pikettymania» et le débat sur les inégalités qui déferleraient aux États-Unis.

«Nouvelles tendances: petits hauts au-dessus du nombril et taxation mondiale»: sur sa couverture, le magazine des affaires publie une photo de Thomas Piketty, l'auteur du désormais célèbre Le Capital au XXIe siècle, entouré d'étoiles violettes et le visage à moitié mangé par de petites lèvres rouges.

Dans cette iconographie de magazine people, l'économiste français est même présenté comme la nouvelle «amourette» de Karl Marx, l'auteur du Capital, qui a les honneurs d'une petite vignette.

«Pikettymania: pourquoi l'Amérique est gagnée par la fièvre de l'inégalité des richesses»: s'interroge Bloomberg Businessweek sur le gros titre de sa une, laissant poindre un certain agacement face au retentissant succès de  M. Piketty.

Son ouvrage, qui décrit l'aggravation sans précédent des inégalités aux États-Unis, est devenu un best-seller et lui a valu d'être invité à la Maison-Blanche, à de nombreux colloques... et d'être accusé d'«erreurs» de calcul par le très conservateur Financial Times. M. Piketty a, depuis, jugé ces critiques «malhonnêtes».

«Ooh la la!», lance également Bloomberg Businessweek sur sa «une» où il promet à ses lecteurs «des photos d'un économiste français pessimiste en pages intérieures».

Pour les plus initiés, l'hebdomadaire publie également une photo de celui que M. Piketty aurait remplacé dans le coeur de la planète finance: l'économiste Nouriel Roubini, l'un des premiers à avoir prédit la crise financière de 2008.

«Désolé, Docteur catastrophe», écrit Businessweek à côté d'un petit coeur brisé, en référence au surnom de cet économiste spécialisé dans l'annonce des mauvaises nouvelles.

Quelque 100 000 exemplaires de Capital au XXIe siècle ont été écoulés en France (éditions du Seuil) et 400 000 aux États-Unis, Royaume-Uni et dans le reste du monde anglophone, selon M. Piketty.