L'économie des États-Unis a connu au premier trimestre sa première contraction depuis trois ans mais devrait rebondir avec la fin d'un hiver rigoureux qui a freiné l'activité, selon des données publiées jeudi.

Le département américain du Commerce a nettement révisé en baisse sa deuxième estimation du produit intérieur brut (PIB) qui montre désormais un recul de 1% en rythme annualisé de janvier à mars après avoir enregistré une progression de 2,6% au cours du dernier trimestre 2013.

la prévision médiane des analystes tablait sur un déclin plus modeste de 0,5% alors que le ministère avait initialement estimé la croissance du premier trimestre à +0,1%.

C'est la première fois depuis le premier trimestre 2011 que la première économie mondiale voit son PIB reculer et la deuxième fois depuis que les États-Unis sont sortis mi-2009 de la récession dans laquelle l'avait plongé la crise financière.

Lors de son précédent recul début 2011, le PIB américain avait enregistré une baisse de 1,3%.

La révision de 1,1 point publiée jeudi «est essentiellement due à une estimation plus basse du secteur très volatil des stocks», a affirmé la Maison-Blanche dans un communiqué.

Selon le ministère du Commerce, les industriels ont en effet puisé dans ces stocks plutôt que de produire de nouveaux biens pour satisfaire la demande, ôtant à eux seuls 1,6 point de croissance.

Facteurs climatiques

La Maison-Blanche a également assuré que le premier trimestre avait connu «un hiver historiquement rigoureux qui a ralenti provisoirement la croissance».

«Les données montrent que l'économie s'est contractée surtout du fait des répercussions du mauvais temps qui a affaibli la demande et la production sur le trimestre», commentait Dean Maki, analyste pour Barclays Research.

«La faiblesse du premier trimestre a clairement été exagérée par les facteurs climatiques», ajoute Jim O'Sullivan, chef économiste pour les États-Unis de High Frequency Economics.

Cette contraction ne fait ainsi pas craindre une récession, définie par deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

Les économistes s'attendent à une croissance plus dynamique au deuxième trimestre autour de 3%, comme l'a rappelé la président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen début mai affirmant que l'économie était «sur la voie d'une solide croissance».

«Les chiffres publiés jeudi ne changent pas notre projection d'un rebond de la croissance à un rythme de 3% au deuxième trimestre», ajoutait Dean Maki.

Certains sont même plus optimistes encore comme Sal Guatieri de BMO Economics qui prévoit que l'activité pourrait même croître de 4% en raison d'un rattrapage de l'accumulation des stocks.

L'hiver particulièrement difficile a affecté tous les secteurs de l'économie hormis les dépenses de consommation qui se sont maintenues à +3,1% portées par les dépenses dans les services (+4,3%).

Les consommateurs ont dépensé davantage en électricité et en chauffage mais aussi dans les services de santé alors que la réforme de l'assurance-maladie baptisée «Obamacare» est entrée en vigueur, permettant à des millions d'Américains d'avoir pour la première fois accès à des soins en partie remboursés.

«Le déclin aurait été pire s'il n'y avait pas eu les dépenses liées à Obamacare», souligne Chris Williamson de markit.

Le recul de l'activité au premier trimestre «reflète des contributions négatives des stocks, des exportations, de l'investissement résidentiel et non résidentiel ainsi que des dépenses des gouvernements des États», indique le communiqué du ministère.

Les profits des entreprises sont aussi en retrait de 9,8% par rapport au trimestre précédent.

Une restauration attendue de l'accumulation des stocks laisse par ailleurs présager un rebond encore plus fort au deuxième trimestre, selon certains économistes.

«Une économie qui se contracte, ce n'est jamais bon, mais c'est du passé, le reste de l'année devrait être très bon», assure Joel Naroff, économiste indépendant.