Un mois après son inscription en Bourse, l'entreprise montréalaise Lumenpulse (T.LMP) s'apprête de nouveau à se retrouver sous les projecteurs.

La société spécialisée dans l'éclairage de spécifications participera la semaine prochaine au Lightfair de Las Vegas, événement incontournable de l'industrie. L'entreprise mise sur les nouveaux produits qu'elle compte y dévoiler pour l'aider à augmenter sa capacité à générer des ventes plus rapidement.

Dans trois semaines, les premiers résultats trimestriels de Lumenpulse en tant que société publique seront publiés. Il s'agira de la performance financière des mois de février, mars et avril, et ces chiffres permettront de faire le bilan de l'exercice financier dans son ensemble.

Les revenus de l'exercice seront supérieurs aux 42 millions réalisés un an plus tôt. Il faudra cependant voir à quel point le chiffre d'affaires aura augmenté (le marché s'attend à une progression d'une vingtaine de millions).

Seuil de rentabilité

Le seuil de rentabilité ne sera par contre pas encore atteint pour l'exercice. Du moins, s'il faut se fier aux prévisions de l'analyste Jonathan Dorsheimer, chez Canaccord.

Il s'attend à une perte nette ajustée de 4,3 millions pour l'exercice (en excluant les dépenses liées à l'inscription en Bourse), ce qui serait néanmoins une forte amélioration par rapport à la perte de 9,4 millions un an plus tôt.

«On a réalisé des pertes dans le passé parce qu'on bâtissait pour la croissance. Pour avoir le volume de ventes qu'on a aujourd'hui, il fallait se donner des infrastructures», dit le PDG François-Xavier Souvay.

C'est une croissance très rapide qui a été «vendue» aux investisseurs lors de l'inscription en Bourse. La firme McKinsey dit que le marché dans lequel évolue Lumenpulse enregistre un taux de croissance annuel composé de plus de 30% par année.

«On a grandi de 78% par année depuis trois ans et on va continuer de battre le marché», dit François-Xavier Souvay.

«En 2020, l'industrie sera de 114 milliards et elle continuera de grandir. On a le potentiel pour atteindre le milliard de revenus. Je ne sais pas à quelle vitesse on y arrivera, mais on a la capacité de le faire. Un total de 1 milliard de revenus sur 114 milliards, c'est moins de 1%. On peut y arriver, mais pas en 2020, à moins de réaliser plein d'acquisitions et ça, je ne veux pas le faire.»

16$ par action

L'inscription en Bourse a débouché sur une émission d'une centaine de millions de dollars réalisée au prix de 16$ par action. Lumenpulse aurait assurément pu obtenir plus d'argent. «Mais on ne veut pas avoir une trop grande partie de notre capitalisation en liquidités», dit le président fondateur.

«On veut que notre avoir serve vraiment à créer de la valeur. Pas simplement pour dire qu'on a un trésor de guerre. On ne veut pas faire des acquisitions seulement parce qu'on a de l'argent», ajoute l'homme de 43 ans, père de deux enfants, qui assure néanmoins qu'il bouclera au moins une acquisition avant la fin de l'année.

La cible idéale serait une société européenne (en Angleterre ou en Allemagne) qui permettrait d'accélérer l'introduction de nouveaux produits. «Cette entreprise aura des produits DEL dont on peut rehausser la valeur en introduisant nos technologies pour rendre l'offre encore plus attrayante. Ça nous permettrait d'avoir accès à son marché plus rapidement. Et cette entreprise ne vendrait encore rien en Amérique du Nord. On apporterait ses produits ici pour dégager des synergies et de la valeur.»

Conversion salutaire

La conversion à l'éclairage à DEL accélère la croissance du secteur qui sera appelé à devenir pratiquement 100% de tout l'éclairage, dit le PDG. «Le grand avantage de l'éclairage à DEL est qu'il dure beaucoup plus longtemps que n'importe quelle source traditionnelle. L'adoption se fait rapidement, notamment parce que le prix des semi-conducteurs a baissé. Pour nous, c'est un avantage, car on est dans un marché plus haut de gamme. Nous sommes dans la spécification, les projets. Nos clients sont les "influenceurs" comme les firmes d'architectes, d'ingénieurs et les designers.»

François-Xavier Souvay souligne par ailleurs que l'industrie de l'éclairage connaît toujours une expansion plus importante que la croissance du PIB. «Il y a toujours eu 5 ou 6% de croissance par année parce qu'en plus des nouvelles constructions, il y a les rénovations. Il y a toujours des transformations à apporter qui donnent un coup de pouce additionnel au marché.»

Éclairage professionnel

Lumenpulse s'adresse au marché de l'éclairage professionnel. Ses produits ne se retrouvent pas chez Rona ou Home Depot. «Ça fait en sorte que les prix ne sont pas assujettis à la pression que le marché des ampoules peut subir. On ne vend pas d'ampoules. Nous fabriquons des luminaires et des systèmes d'éclairage avec nos systèmes de contrôle, nos logiciels et nos familles de produits.»

La création de nouveaux produits est au coeur de la stratégie de commercialisation de Lumenpulse, car elle permet à l'entreprise de participer à une plus grande partie des projets des professionnels.

«L'éclairage ne représente pas plus que 1 ou 2% du coût total d'un projet de construction. C'est donc un petit coût par rapport à l'impact visuel que ça apporte et c'est pour ça que la pression sur les prix est relativement faible.»

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UNE ÉMISSION SURVENDUE

L'intérêt des investisseurs institutionnels envers Lumenpulse était à ce point fort, le mois dernier pour l'inscription en Bourse, que l'émission aurait, semble-t-il, pu se vendre uniquement en Europe, uniquement aux États-Unis ou seulement au Canada.

«L'émission a été énormément survendue», souligne le banquier Pierre Fleurent, chez Canaccord.

Cette forte demande a compliqué le processus d'attribution des titres.

Au final, il y a eu un choix à faire, et les investisseurs institutionnels canadiens ont obtenu plus d'actions que ceux d'Europe ou des États-Unis. Les «zinzins» canadiens ont reçu 62% des titres, les américains 19%, tandis que les européens ont obtenu 7%. Le reste, soit 12%, est allé aux investisseurs individuels.

Pierre Fleurent explique que les institutionnels les mieux placés pour soutenir la croissance à long terme de Lumenpulse (ceux qui prennent leurs décisions de placement sur des éléments fondamentaux) ont été favorisés.

Le nom de ces investisseurs sera dévoilé sous peu, lorsque ces derniers commenceront à divulguer leurs positions de fin de trimestre.

Le PDG de Lumenpulse et ses conseillers ont rencontré les représentants de 160 firmes dans une dizaine de villes durant le road show organisé pour promouvoir l'entrée en Bourse. Il y a eu une centaine de rencontres en trois semaines au début du printemps.

La moyenne était de cinq à huit réunions par jour. Il y avait près de 60 participants à la plus grande rencontre organisée pour les investisseurs institutionnels.

Le PDG François-Xavier Souvay devait être au mieux de sa forme pour notamment s'assurer de bien faire comprendre comment les marges de profit allaient s'améliorer (un facteur clé pour évaluer la société), en plus de bien expliquer le positionnement deLumenpulse dans le marché et mettre en valeur les avantages concurrentiels et la technologie de l'entreprise.

La direction a songé à une inscription au NASDAQ, mais le choix s'est arrêté sur la Bourse de Toronto. «Le TSX, c'est chez nous et il est plus diversifié qu'auparavant. Il y a un intérêt pour les entreprises en croissance. De plus, on ne cherchait pas à récolter 300 millions. Au NASDAQ, on aurait été un petit poisson dans un grand océan. On sentait qu'on aurait plus d'attention ici», dit François-Xavier Souvay.

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LUMENPULSE EN BREF

> Fondation: 2006

> PDG et principal actionnaire: François-Xavier Souvay (25% des actions)

> Siège social: Montréal

> Nombre d'employés: environ 250

> Bourse: Toronto

> Symbole: LMP

> Activités: conception de solutions d'éclairage DEL (diodes électroluminescentes) durables et à haut rendement de catégorie de spécifications pour des environnements commerciaux, institutionnels et urbains.

> Quelques réalisations: l'éclairage du Musée d'art contemporain de Montréal, du stade BC Place de Vancouver, du stade Soldier Field de Chicago et du siège social de General Motors à Detroit.

> Quelques concurrents: General Electric, Philips, Acuity, OSRAM (ex-filiale de Siemens), Cooper, Hubbell, Cree et Zumtobel.

> À propos du nom: «Lumen» est un mot latin qui définit la quantité de lumière émise par une source alors que le terme «pulse» vient du principe des DEL (un courant pulsé). À l'interne, le mot «Lumen» est devenu un running gag. Les employés parlent de «Lumen-Cappuccino», «Lumen-conférence», etc.

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LES FORCES

> Équipe de gestionnaires et conseil d'administration efficaces.

> Diversification des revenus (des dizaines de produits et aucun client qui représente plus de 5% des ventes).

> Propriété intellectuelle (plusieurs brevets).

> Bilan financier sain.

> Marché mondial en croissance et hautement fragmenté.

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LES RISQUES

> Entreprise jeune (8 ans seulement).

> Concurrence provenant de grands conglomérats.

> Hausse du coût des composants électroniques.

> Soutenir la croissance et répondre adéquatement à la demande.

> Un ralentissement économique pourrait freiner le marché.

> Adoption plus lente que prévu de la technologie DEL.