Le vieillissement des baby-boomers commence à se faire sentir sur le marché du travail, d'un océan à l'autre et en particulier au Québec.

Lentement, mais sûrement, le taux d'activité des Québécois de 15 ans et plus diminue, reflétant une croissance plus rapide de la population qui quitte le marché du travail que celle qui y entre.

Ce taux recule, en dépit du fait que le taux de participation des 55 ans et plus est en hausse, au cours du présent cycle. Cela reflète à la fois le vieillissement de la population et, dans une certaine mesure, une augmentation de l'âge de la retraite.

En avril, le nombre de Québécois âgés de 15 ans et plus qui détenaient ou cherchaient activement un emploi s'élevait à 4 347 400, soit 16 300 de moins qu'un an plus tôt. Cela correspond à un taux d'activité de 64,6%, soit un recul de 0,7% en un an.

Au Canada, on assiste à un phénomène analogue, bien que moins prononcé: le taux d'activité s'élevait à 66,1%, ce qui représente un recul de 0,4% en un an. La population active est cependant en hausse de 118 000, ce qui est bien peu par rapport à l'augmentation de 376 400 du nombre de personnes âgées de 15 ans et plus.

À son sommet, le taux d'activité avait atteint 67,8%. C'était en février 2008, soit avant la récession.

Pour le Québec, il faut reculer bien davantage. Le sommet de 66,4% avait été atteint en novembre 2003.

Bien comprendre les effets du vieillissement de la population permet de mieux mesurer l'évolution du marché du travail. Le taux d'activité, qui reflète la proportion des personnes de 15 ans et plus présentes sur le marché du travail, peut varier en fonction de plusieurs phénomènes tant objectifs que subjectifs.

Dans les premiers, l'atteinte de l'âge de la retraite et l'allongement de l'espérance de vie diminuent le taux d'activité alors que l'arrivée en grand nombre de jeunes sur le marché du travail peut le faire augmenter.

Parmi les seconds, la morosité sociale et la rareté des offres d'emploi incitent des chercheurs d'emploi au découragement. Ils sont dès lors présumés avoir déserté les rangs de la population active.

Selon les calculs faits par RBC, recherches économiques, à partir des données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada, plus de 1 million de Canadiens âgés de 15 ans et plus ont quitté les rangs de la population active depuis octobre 2008, mois suivant le début de la dernière récession canadienne. Du nombre, 682 000 sont âgées de 65 ans et plus.

Si le taux de chômage diminue alors que le nombre d'emplois n'augmente pas, on peut conclure que c'est le découragement qui fait diminuer le taux de chômage. C'est ce qui semble être le cas au Québec où le taux de chômage a reculé de 0,3% en un an alors qu'on comptait 4800 emplois de moins qu'en avril 2013.

Au Canada, où le nombre d'emplois a augmenté de 149 200 en un an, le recul de 0,3% du taux de chômage à 6,9%, est donc dû en partie au vieillissement de la population. Le marché du travail ne s'y est pas complètement rétabli pour autant. En février 2008, le taux de chômage avait glissé à son creux historique de 5,9% alors que le taux d'activité avait atteint son sommet.

Une étude récente des économistes de la Banque du Canada Konrad Zmitrowicz et Mikael Khan (www.banqueducanada.ca/wp-content/uploads/2014/05/revue-bdc-printemps14-zmitrowicz.pdf) concluait que le taux d'activité actuel au Canada oscille maintenant au niveau observé quelque temps avant la récession, ce qui refléterait l'évolution démographique et un marché du travail beaucoup plus sain que celui des États-Unis.