Le groupe pharmaceutique canadien Valeant (T.VRX) veut à tout prix Allergan (AGN), le fabricant américain du Botox, et a envisagé mardi de mettre plus que les 45 milliards de dollars promis le mois dernier.

Le laboratoire Allergan avait lundi repoussé l'OPA hostile du Canadien qui s'est associé au milliardaire américain Bill Ackman pour lancer cette opération majeure dans le monde de la pharmacie.

Le patron de Valeant, Michael Pearson, est revenu à la charge mardi après avoir passé les deux dernières semaines à rencontrer et écouter des actionnaires d'Allergan.

«Nous envisageons d'améliorer notre offre sur la société pour montrer notre volonté de voir cette acquisition se réaliser», a écrit Michael Pearson dans une lettre ouverte aux actionnaires d'Allergan.

«Nous sommes prêts à payer le juste prix mais (...) nous resterons sages financièrement», a-t-il toutefois souligné en donnant rendez-vous le 28 mai à l'occasion de l'assemblée générale de ses actionnaires.

Son homologue et adversaire, David Pyott, avait jugé la veille que Valeant «sous-valorise significativement» Allergan en ne prenant pas suffisamment en compte la valeur de ses produits sur le marché ou en développement, pas plus que de son réseau de distribution.

Valeant a annoncé le 23 avril un projet d'OPA hostile de 45,6 milliards de dollars sur Allergan. Il propose 48,30 dollars en numéraire plus 0,83 de ses propres actions pour chaque titre Allergan. Son associé Bill Ackman possède 9,7% d'Allergan.

Le groupe californien avait douté lundi des réductions de coûts et synergies mises en avant par le Canadien comme de la part importante de titres proposée à l'OPA y voyant «un risque pour les actionnaires d'Allergan» en raison des incertitudes des «perspectives de croissance à long terme de Valeant et sa stratégie».

Outre un éventuel relèvement de l'offre, Valeant et son allié de circonstance, Bill Ackman, ont commencé mardi à vanter les mérites de leur offre directement aux actionnaires d'Allergan, selon des documents boursiers.

M. Ackman, qui est le premier actionnaire du groupe américain avec 9,7% du capital, demande aux actionnaires de se prononcer sur cette proposition lors d'une assemblée générale, dont la date n'a pas été divulguée. Si ce vote, écrit-il, n'est pas contraignant, il vise à forcer le fabricant du Botox à ouvrir les négociations avec Valeant.

À la Bourse, les investisseurs semblaient y  croire. Après avoir reculé la veille, les actions remontaient de 1,11% à 161,49 dollars pour Allergan et de 0,23% à 130,46 dollars pour Valeant vers 13 h 15.

Chevalier blanc ou contre-OPA 

Allergan a pour sa part fait entrevoir lundi des perspectives de croissance alléchantes. Il table sur une hausse de 20% à 25% de son bénéfice par action en 2015 et une croissance de plus de 10% de son chiffre d'affaires jusqu'en 2019.

David Steinberg, analyste chez Jefferies, a mis en doute ces prévisions mardi en prédisant dans une note une baisse du rythme de croissance d'Allergan à partir de 2016, faute de nouveaux produits «significatifs» dans ses cartons.

Après avoir fait savoir à Valeant lors de discussions informelles qu'il ne souhaitait pas fusionner, Allergan s'était doté d'une «pilule empoisonnée» visant à dissuader les actionnaires de détenir plus de 10% des parts.

David Steinberg accorde une chance sur deux au succès de cette OPA hostile sans écarter l'arrivée d'un chevalier blanc ou, plus spectaculaire, qu'Allergan ne fasse une contre-OPA sur Valeant.

Pour David Maris, analyste chez BMO Capitals Markets, le laboratoire californien a d'autres options comme céder entre 25 et 30% de son capital à un autre groupe à l'heure de la frénésie des fusions-acquisitions dans le secteur pharmaceutique.

Le rapprochement Valeant-Allergan créerait un géant dans l'ophtalmologie, la dermatologie et les cosmétiques et permettrait aussi au groupe canadien de mettre la main sur le traitement des rides Botox, dont les ventes atteignent 2 milliards de dollars par an.