Que ce soit aux États-Unis avec l'Obamacare ou au Québec avec les cliniques de soins de première ligne, la coopération a un rôle à jouer dans le secteur de la santé et des services sociaux. Le thème de la santé sera mis en vedette au prochain Sommet international des coopératives, qui se tiendra à Québec en octobre.

Des spécialistes des coops de santé prennent d'ailleurs part, ces jours-ci, au Forum sur la santé de Genève, où ils expliquent l'apport du mouvement coopératif et mutualiste dans l'organisation des services sociaux dans le monde, notamment aux États-Unis avec la réforme de l'assurance maladie pilotée par le président Barack Obama.

«Dans le cadre de l'Obamacare, des 3 millions de nouvelles personnes qui ont souscrit des polices d'assurance maladie ces dernières semaines, il y en a beaucoup qui ont utilisé le service de nouvelles coopératives ou mutuelles de santé mises en place pour l'occasion», indique Jean-Pierre Girard, spécialiste international des coopératives de santé, que La Presse Affaires a joint à son hôtel à Genève.

Pour celui qui enseigne l'entrepreneuriat collectif à l'UQAM, les coopératives sont particulièrement bien placées pour servir la clientèle délaissée par les régimes publics et privés d'assurance maladie. «Les coops ont au coeur de leur mission le souci de permettre au plus grand nombre d'adhérer au programme d'assurance maladie, sans exercer de discrimination socio-économique, comme peuvent l'exercer les compagnies d'assurances privées, ou de discrimination basée sur le passé de la santé des personnes», fait valoir M. Girard.

Au Québec, en raison de la présence du régime public d'assurance maladie, l'apport des coopératives s'effectue autrement, soit par la construction et l'exploitation de cliniques offrant des services de santé de première ligne. Il existe aussi des coopératives offrant des soins à domicile.

Selon une étude québécoise datant de 2009, la plus-value la plus importante rattachée à une coop de santé est de maintenir la cohésion dans la collectivité où elle est située en freinant l'exode de sa population.

Selon M. Girard, l'avantage premier du modèle coopératif est de donner une voix aux parties prenantes comme les patients et les spécialistes de la santé. «Dans les CLSC, les citoyens n'ont à peu près plus rien à dire quant à leur gouvernance», déplore-t-il.

Grâce à ce canal de communication ouvert entre elles et les collectivités qu'elles desservent, les coops sont à même de mieux moduler leurs services aux besoins du milieu.

Les difficultés des coopératives à se financer limitent toutefois l'expansion de leur réseau, reconnaît M. Girard. Le coût de démarrage d'une coopérative de santé dépasse le demi-million de dollars dans 20% des cas, indique l'étude de 2009.