Seules la robustesse étonnante de l'économie durant l'automne et la météo exécrable de l'hiver qui s'éternise ont modifié quelque peu le cours du scénario de croissance et d'inflation de la Banque du Canada pour les deux prochaines années.

Résultat : les autorités monétaires diminuent de deux dixièmes à 2,3% la projection d'expansion pour l'année en cours et maintiennent à 2,5% celle de l'an prochain. Elles soulignent toutefois que cette prévision se réalisera à plus ou moins un demi-point de pourcentage.

Quant à la première prévision pour 2016, la Banque l'estime à 2,2%, calculée sur la base d'un trimestre sur l'autre

Elle rappelle aussi que le potentiel de croissance de l'économie canadienne est maintenant évalué aux environs de 1,9%, lorsqu'on le calcule sur la base des moyennes annuelles.

Si les exportations et les investissements des entreprises progressaient davantage que prévu, il n'est pas exclu que ce potentiel soit d'ailleurs haussé. Le potentiel est révisé tous les automnes.

«Les moteurs déterminants de la croissance et de l'inflation se raffermissent graduellement au Canada, précisent les autorités monétaires. Ce point de vue est fortement tributaire du redressement projeté des exportations et des investissements.»

La faiblesse des exportations canadiennes hors énergie est d'ailleurs identifiée comme le premier des trois risques baissiers de son scénario, devant le resserrement du crédit en Chine et les déséquilibres dans le secteur des ménages canadiens qui semblent toutefois s'atténuer. 

Le seul risque haussier est la demande intérieure américaine qui pourrait se révéler plus forte que prévu et ouvrir la voie à une légère poussée des exportations canadiennes. Il n'est pas acquis toutefois que les entreprises canadiennes tirent parti de l'accélération de l'expansion américaine en raison des faibles gains de productivité acquis ces dernières années.

«La Banque estime que la résultante de ces risques reste dans la zone pour laquelle la politique monétaire actuelle est appropriée et a donc décidé de maintenir le taux cible de financement à un jour à 1%», précise-t-elle. 

Le taux est en place depuis septembre 2010 et ne devrait pas bouger avant l'an prochain.

La Banque estime que l'inflation globale rejoindra la cible de 2,0% dès l'hiver prochain, soit trois trimestres plus tôt que ce qu'elle entrevoyait dans son scénario de janvier, en raison des prix plus élevés de l'énergie et de l'affaiblissement du dollar canadien qui fait monter les prix des biens importés et des intrants non salariaux des entreprises.

En revanche, son indice de référence qui mesure l'inflation de base, c'est-à-dire dépouillé de ses éléments les plus volatils comme les fruits et légumes, l'essence et le gaz naturel, évoluera plus lentement vers 2%. La cible ne sera atteinte que vers la fin 2015, début 2016. Ce moment coïncide en théorie avec l'atteinte par l'économie de son plein potentiel de croissance.

D'ici là, l'expansion du premier trimestre aura été contenue à 1,5%, soit un point de pourcentage de moins que dans le scénario de janvier qui misait sur un hiver normal.

Curieusement, la Banque ne voit pas de rebond de rattrapage ce printemps de sorte que l'expansion poursuivra sa trajectoire d'environ 2,5% par trimestre à peu près jusqu'à l'automne 2015.

Pour l'année en cours et 2016, la Banque diminue de deux dixièmes l'apport des investissements des entreprises à l'expansion. C'est le changement le plus important, les autres étant d'un dixième à peine.

La consommation des ménages restera le moteur de la croissance. La contribution du commerce extérieur sera de six dixièmes de point  cette année, mais de 0,3 point seulement l'an prochain.

Ce scénario économique repose sur les hypothèses que le dollar canadien et les cours du pétrole resteront à leurs valeurs présentes.

Dans le cas du pétrole, il s'agit d'un changement sur les scénarios précédents qui s'appuyaient sur la valeur des contrats à terme.

La prochaine date de fixation du taux directeur sera le 4 juin. Celle de son prochain scénario, le 16 juillet.