On a fait grandement état l'an dernier du mea-culpa du Fonds monétaire international (FMI), qui avait longtemps prêché l'austérité budgétaire pour endiguer les effets désastreux de la crise financière sur les finances publiques, avant de reconnaître qu'il s'agissait d'un remède dangereux plutôt que d'une potion magique.

La situation de certains pays s'était tellement aggravée au début de la décennie que bien des spéculateurs ont parié sur l'éclatement de la zone euro... et perdu.

Plus tôt cette semaine, la Grèce est parvenue à emprunter 11 milliards d'euros sur les marchés pour une durée de 5 ans à des taux d'environ 5%.

Cela peut paraître cher chez nous, où Ottawa parvient à emprunter à un peu plus de 3,5% pour une durée de 30 ans. Il faut se rappeler toutefois qu'il y a 3 ans à peine, Athènes aurait dû consentir un taux de plus de 30% pour un emprunt de 10 ans.

Ce redressement a exigé bien des sacrifices du peuple grec et aussi de ses créanciers privés qui ont perdu plus de la moitié de la valeur de leurs prêts. Et il en faudra sans doute encore beaucoup.

La Grèce renoue toutefois avec la croissance cette année, après cinq années de récession profonde.

Il en va de même avec l'Espagne et l'Italie, elles aussi acculées à des mesures d'austérité.

Fait remarquable, c'est le Royaume-Uni à qui le FMI promet la croissance la plus forte des économies du G7 cette année, une performance que le Canada a obtenue le plus souvent au cours des cinq dernières années.

Évidemment, le gouvernement minoritaire conservateur de David Cameron a attribué cela à ses politiques budgétaires rigoristes.

S'il est vrai que Londres s'est livré à des coupes sombres et douloureuses, on aurait tort de conclure tout de go que l'austérité paye à moyen terme.

Si on regarde la progression de la dette publique du Royaume-Uni, on constate que c'était la plus légère du G7, au moment où éclate la crise financière, en 2008. En comparaison, celle du Canada venait au quatrième rang, derrière aussi celles de l'Allemagne et de la France.

Cinq ans plus tard, elle est troisième, derrière celles de l'Allemagne et du Canada et tout juste devant celle de la France.

En termes relatifs toutefois, la progression de la dette publique britannique aura été très rapide. Elle a ballonné de 74% en 5 ans.

En comparaison, les dettes de l'Italie et du Japon, qui étaient déjà plus grosses que la taille de leur économie respective, ont gonflé d'environ 25%, tout comme celle du Canada.

Celles de l'Espagne, de l'Irlande et du Portugal, trois pays qui ont dû adopter un plan de rigueur dicté par le FMI, la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne, ont pour leur part atteint des taux de croissance galopants. Avec des progressions de 133%, 177% et 80%, les dettes de ces pays restent néanmoins inférieures à celle de l'Italie.

Si la Péninsule s'en sort relativement mieux, c'est que ses créanciers sont avant tout italiens, alors que ceux des trois autres sont étrangers.

Autre fait à signaler, les tenants de l'austérité ont longtemps clamé que la dette publique freine la croissance à long terme lorsque sa taille dépasse celle de l'économie.

C'est désormais le cas de la dette américaine.

C'est pourtant à la première économie du monde que le FMI prédit la deuxième croissance du G7 cette année et la plus rapide l'an prochain.

S'il y a une leçon à tirer de toutes ces données, c'est qu'il n'existe pas de panacée budgétaire pour sortir d'une crise économique et financière. Chaque pays doit trouver le dosage optimal de dépenses publiques jumelées à certaines mesures d'austérité pour relancer la croissance et rétablir les rentrées fiscales. Ce qui n'est pas une sinécure.

Certes, il faut stimuler avant tout le crédit, mais cela relève davantage de la politique monétaire. La Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre étaient certainement mieux outillées que la BCE pour y parvenir.

On en débattra sans doute encore aujourd'hui au cours de la réunion plénière semestrielle du FMI.