Le coactionnaire de Libération, Bruno Ledoux, a versé 4 millions d'euros pour renflouer le journal, qui ont été placés sous séquestre chez le conciliateur du tribunal de commerce, Christophe Thévenot, a déclaré ce dernier à l'AFP vendredi.

Ces 4 millions seront versés au journal, dont le capital sera augmenté, uniquement si le tribunal accepte le plan de recapitalisation de M. Ledoux prévoyant d'apporter en tout 18 millions d'euros, a expliqué Me Thévenot.

Ces 4 millions ont été apportés uniquement par M. Ledoux, via sa société BLHM, et c'est également lui qui s'engage à apporter les 14 millions supplémentaires, a indiqué le conciliateur.

Le tribunal de commerce de Paris devrait se prononcer vers la mi-avril, quelques jours après la date de fin de la procédure de conciliation le 9 avril, a-t-il précisé.

Démarrée le 9 janvier, cette procédure, qui concerne les entreprises menacées de faillite, vise à trouver un accord avec les créanciers, dans le cadre d'un plan destiné à assurer la pérennité du journal. Le tribunal décidera soit une sortie de la procédure en homologuant l'accord, soit un redressement judiciaire.

Alors que Libération est en quasi cessation de paiement, cet apport de 4 millions avait été promis par M. Ledoux la semaine dernière. Les salariés, ne voyant pas cette somme sur les comptes du journal, avaient douté que M. Ledoux ait réellement l'intention de les apporter.

L'apport de 18 millions au capital de Libération, qui figure dans le protocole présenté au tribunal, donnera à M. Ledoux la majorité des parts, contre 26 % actuellement. Car ni Edouard de Rotschild, coactionnaire avec 26 %, ni le groupe italien Ersel ne souhaitent participer à l'augmentation de capital, avait indiqué M. Ledoux le mois dernier.

Bruno Ledoux, un homme d'affaires qui a fait fortune dans l'immobilier, a annoncé un projet visant à transformer profondément Libération en l'intégrant dans un groupe diversifié comprenant un réseau social, des contenus multimédia, un espace culturel, voire une «Libé TV».

Ces projets sont combattus par la rédaction, qui y voit une grave menace sur le journal et sur ses valeurs.

Dans un courriel qui avait fuité en février, M. Ledoux avait traité les salariés d'«esprits étriqués», qu'il fallait «ringardiser», ce qui a énormément choqué les salariés. Depuis, ils sont entrés en guerre ouverte contre les projets de M. Ledoux, qu'ils dénoncent quotidiennement par une ou deux pages dans le journal sous la rubrique «Nous sommes un journal».