Après un long hiver douloureux, l'économie canadienne a montré des signes de dégel le mois dernier et a créé quelque 42 900 emplois. Ce chiffre étonnamment élevé permet au taux de chômage de reculer à 6,9 %, égalant son plus faible niveau depuis la dernière récession.

Même s'ils étaient essentiellement composés d'emplois à temps partiel, les gains du marché de l'emploi canadien se sont avérés environ deux fois plus élevés que ceux attendus par les économistes et ils compensent largement la perte de 7000 emplois affichée en février.

Le rapport de Statistique Canada contenait une autre surprise: la vaste majorité des nouvelles embauches, soit 32 500 emplois, étaient de jeunes Canadiens du groupe des 15 à 24 ans. Ce groupe de la population ne profitait pas vraiment de la reprise économique jusqu'à maintenant.

La progression de mars donne du tonus au marché de l'emploi, qui se faisait décidément plus terne cet hiver - les trois mois de la saison se sont soldés par la perte nette de 22 000 emplois.

Sans être absolument stupéfiants, les chiffres sont généralement positifs et ils pourraient confirmer l'idée voulant que le ralentissement économique observé cet hiver, particulièrement en décembre, soit surtout attribuable au mauvais temps, ont fait valoir des analystes.

Les données sur le marché de l'emploi aux États-Unis ont aussi été relativement encourageantes. Quelque 192 000 emplois ont été créés le mois dernier au sud de la frontière, ce qui reste légèrement inférieur aux attentes des économistes, mais des révisions à la hausse ont été annoncées pour les emplois créés en février et en janvier.

«Le bloc de glace autour de l'emploi canadien semble s'être finalement brisé», a observé l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter.

«Jumelé à la récente hausse inattendue de l'inflation, ce gain décent de l'emploi réduit davantage la possibilité, déjà faible, que la Banque du Canada abaisse son taux d'intérêt, et offre un peu d'appui à court terme au dollar canadien.»

Les données de vendredi n'étaient cependant pas suffisamment fortes pour convaincre la banque centrale de s'éloigner de sa neutralité, ont noté des économistes. Ils ne s'attendent toujours pas à ce que la banque ne hausse ses taux d'intérêt avant 2015.

Au cours de la dernière année, les gains de l'emploi ont crû d'environ 1,1 %, ce qui n'est que légèrement supérieur à la croissance de la population active. Les chiffres du mois de mars font en sorte que la moyenne du nombre d'emplois créés ces six derniers mois est légèrement inférieure à 10 000, un rythme plutôt tiède pour la croissance.

Le plus récent rapport de Statistique Canada comportait aussi un certain nombre de points plus faibles. Par exemple, les trois quarts des nouveaux emplois, soit 30 100, étaient des postes à temps partiel. La quasi-totalité des emplois créés se trouvaient en outre dans le secteur public. La croissance du nombre d'heures travaillées était aussi modeste, en hausse de 2,4 % par rapport à l'an dernier.

Par ailleurs, tous les nouveaux emplois sont allés au secteur des services, la plupart dans la catégorie des soins de santé et de l'assistance sociale, ainsi que dans les services aux entreprises, aux bâtiments et autres services de soutien. Les secteurs de production de biens ont perdu près de 16 000 emplois, les catégories de l'agriculture et de la fabrication ayant toutes deux affiché des pertes d'emplois.

La plupart des nouveaux emplois ont vu le jour dans les provinces les plus populeuses. La Colombie-Britannique a accueilli 18 300 nouveaux travailleurs, contre 15 100 pour le Québec et 13 400 pour l'Ontario. De légères pertes d'emplois ont été enregistrées en Alberta, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et à l'Île-du-Prince-Édouard.

Les gains au Québec ont été observés du côté des emplois à temps plein, qui ont avancé de 24 000, pendant que 8900 emplois à temps partiel disparaissaient. Le taux de chômage de la province a reculé de 0,2 point de pourcentage pour s'établir à 7,6 %.

Tom Turpin, de la firme de recrutement Randstad Canada, a indiqué avoir observé une hausse de la demande pour le secteur des technologies de l'information au cours de la dernière année, particulièrement au Québec.

«Cependant, dans le contexte de l'élection au Québec, avec la possibilité d'en avoir une ce printemps en Ontario, en plus de la démission de (la première ministre) Alison Redford (en Alberta), nos chiffres sur la demande font état d'une croissance plus lente qu'à l'habitude pour cette période de l'année. Les compagnies attendent de voir où toutes ces pièces vont se poser», a-t-il estimé.

Mais récemment, le plus important facteur d'influence sur l'économie a été la météo, ont souligné des analystes. Les tempêtes hivernales de décembre et janvier ont particulièrement nui à la production et au transport.

Dans une déclaration émise par son bureau, le ministre des Finances, Joe Oliver, a rappelé que l'économie mondiale restait fragile et indiqué que son gouvernement continuerait à se concentrer sur la création d'emplois et sur la croissance économique.

Le taux de chômage dans les provinces en mars

Voici le taux dans les provinces (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 11,6 (11,8)

- Île-du-Prince-Édouard 11,8 (11,5)

- Nouvelle-Écosse 9,3 (8,9)

- Nouveau-Brunswick 9,7 (9,8)

- Québec 7,6 (7,8)

- Ontario 7,3 (7,5)

- Manitoba 5,7 (5,3)

- Saskatchewan 4,5 (3,9)

- Alberta 4,9 (4,3)

- Colombie-Britannique 5,8 (6,4)

Le taux de chômage dans les grandes villes en mars

Voici le taux dans les grandes villes du pays (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Saint-Jean, T.-N.-L., 5,2 (5,3)

- Halifax 6,4 (6,7)

- Moncton 6,4 (6,9)

- Saint-Jean, N.-B. 6,8 (6,6)

- Saguenay 9,4 (8,4)

- Québec 4,1 (4,1)

- Sherbrooke 7,8 (7,4)

- Trois-Rivières 8,5 (8,5)

- Montréal 7,9 (8,1)

- Gatineau 6,7 (6,7)

- Ottawa 6,5 (6,5)

- Kingston 6,4 (6,3)

- Peterborough 11,2 (8,7)

- Oshawa 7,1 (7,3)

- Toronto 8,0 (8,3)

- Hamilton 5,8 (5,9)

- St. Catharines-Niagara 8,3 (8,5)

- Kitchener-Cambridge-Waterloo 6,7 (6,5)

- Brantford 7,4 (7,1)

- Guelph 6,9 (7,0)

- London 8,2 (8,0)

- Windsor 7,3 (7,2)

- Barrie 7,4 (6,6)

- Sudbury 6,7 (7,0)

- Thunder Bay 5,8 (5,6)

- Winnipeg 5,6 (5,6)

- Regina 3,7 (4,0)

- Saskatoon 4,6 (4,4)

- Calgary 5,0 (4,7)

- Edmonton 4,8 (5,1)

- Kelowna 5,5 (6,5)

- Abbotsford 8,2 (8,5)

- Vancouver 5,9 (6,2)

- Victoria 5,2 (5,4)