L'économie canadienne a fait preuve d'une vigueur étonnante à la fin de l'an dernier, secouant le gel hivernal de décembre et la faiblesse aux États-Unis pour afficher une croissance respectable de deux % pour l'ensemble de l'année - sa meilleure performance depuis 2011.

La progression de 2,9 % du dernier trimestre était supérieure de quatre dixièmes de point aux attentes des économistes, et la croissance annuelle surpassait de trois dixièmes de point les projections de la Banque du Canada et du ministre des Finances, Jim Flaherty.

Cette solide performance a interrompu le récent déclin du dollar canadien, qui a avancé vendredi de 0,5 cent US pour terminer à 90,3 cents US.

Le chiffre qui fait les manchettes est assez bon (...) cela témoigne clairement du fait que l'économie n'est pas en train de tomber dans une falaise, comme certaines personnes l'avançaient», a observé Peter Buchanan, économiste principal chez Marchés mondiaux CIBC.

Mais toutes les nouvelles ne sont pas bonnes, a tempéré M. Buchanan. Les stocks représentaient près de la moitié de la croissance, ce qui signifie qu'ils devront être livrés plus tard et pourraient ralentir la croissance au début de 2014. En outre, le mois de décembre a été le théâtre d'un recul de 0,5 % de la production par rapport au mois de novembre.

Une partie de cette diminution était vraisemblablement attribuable aux conditions météorologiques hivernales plus difficiles au Canada et aux États-Unis, son plus important marché d'exportation. Si cette hypothèse se vérifie, elle pourrait se traduire par une croissance de rattrapage plus tard cette année.

«Le fait que ce déclin ait touché à plusieurs secteurs laisse croire que la tempête hivernale a eu de très larges répercussions, et nous nous attendons à un rebondissement au moins partiel pour le mois de janvier», a estimé l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter. «Cependant, le difficile hiver qui perdure (...) empêchera probablement une pleine reprise - en retenant des secteurs comme ceux du transport, de la construction et, possiblement, du détail.»

Un des éléments les plus étonnants réside dans le fait que le vigoureux quatrième trimestre, jumelé aux révisions à la hausse pour la première moitié de l'année - qui n'a pas été aussi faible qu'on l'avait d'abord cru - permet au Canada d'afficher une plus forte croissance annuelle que celle des États-Unis, qui s'est établie à 1,9 %. Les États-Unis ont révisé à la baisse, vendredi, leur estimation initiale de la croissance du quatrième trimestre, laquelle est passé de 3,2 à 2,4 %.

Mais surpasser la croissance américaine est un cadeau empoisonné pour le Canada, qui compte sur une solide économie américaine pour lui permettre de prendre encore plus d'élan en 2014.

Plus tôt cette semaine, le ministre Flaherty a dit espérer que la croissance économique de 2014 serait supérieure à celle de 2,3 % projetée dans son budget de février.

Cela reste à voir, a estimé M. Buchanan, puisque la contre-performance de décembre représente un difficile point de départ pour janvier. Le rapport de vendredi risque malgré tout de faire taire ceux qui s'attendaient à ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, envisage une réduction des taux d'intérêt cette année.

La faiblesse du mois de décembre a été observée dans la plupart des secteurs de l'économie, tant du côté des industries productrices de biens que celles productrices de services. Les groupes de la fabrication, du commerce de détail et de gros, ainsi que celui de la construction ont tous reculé. Il s'agissait du premier déclin mensuel en cinq mois.

Parmi les révisions qui ont aidé la croissance annuelle, Statistique Canada a notamment indiqué que l'économie avait profité de croissances de 2,9 % et 2,2 % pour les premier et deuxième trimestre de 2013 respectivement. Les taux de croissance initiaux de ces périodes avaient été de 2,3 % et 1,6 %. La croissance de 2,7 % du troisième trimestre est restée inchangée.