Ce n'est pas tout le monde qui s'enrichit au Canada.

Les plus pauvres étaient plus endettés en 2012 qu'en 1999 tandis que quatre unités familiales sur cinq se sont enrichies durant la même période grâce à l'appréciation des prix des résidences et à la valeur accrue de leurs avoirs dans des régimes de retraite privés collectifs ou autogérés.

Les premières données de l'Enquête sur la sécurité financière (ESF) de Statistique Canada, menée auprès de 20 000 ménages durant l'automne 2012, montrent que la valeur nette totale des unités familiales a plus que doublé à hauteur 8073,6 milliards de dollars, de 1999 à 2012.

La valeur médiane est, quant à elle, passée de 137 000$ à 243 800$, soit une augmentation de 78%.

(Toutes les données ont été ramenées en dollars de 2012 pour éliminer l'effet déformant de l'inflation et mieux capter l'appréciation réelle des éléments d'actifs ou de dettes.)

Les différences d'appréciation entre la valeur totale et la valeur médiane reflètent l'écart de richesse grandissant au sein de la société canadienne.

En 1999, les 20% des unités familiales les moins riches (le premier quintile) partageaient une dette nette de 4,16 milliards. En 2012, cette dette s'était creusée jusqu'à 10,83 milliards.

Dans ce quintile, ce ne sont pas tous les ménages qui ont un bilan négatif, bien que l'appauvrissement soit la règle. En 2012, la médiane se situait à 1100$, ce qui est bien loin de la médiane de l'ensemble des unités familiales à 243 800$. En 1999, la médiane du premier quintile s'élevait à 1400$.

À l'opposé, la valeur nette totale du cinquième des unités familiales les plus riches est passée de 2676 milliards à 5440 milliards (une hausse de 103%), de 1999 à 2012, tandis que la valeur nette médiane de ce quintile passait de 763 000$ à 1,38 million (80,8%). On voit que, parmi les unités familiales les plus fortunées, il y a aussi concentration de la richesse.

L'ESF fait ressortir que c'est au sein des unités familiales où l'âge du soutien principal se situe entre 55 et 64 ans que la valeur médiane est la plus élevée (533 600$, soit une augmentation de 50,6% par rapport à 1999.

On assiste cependant à une appréciation relativement plus élevée parmi les cohortes des 45 à 54 ans (55,0%) et de 65 ans et plus (70,2%).

La principale source d'enrichissement durant ces 13 ans est l'appréciation de la valeur des propriétés résidentielles qui a plus que doublé, tout comme d'ailleurs la valeur de la dette hypothécaire.

La deuxième source d'enrichissement est la valeur des actifs dans les régimes de pension privés, qui a elle aussi doublé.

Or, on constate que seulement 3,1% des unités familiales du premier quintile étaient propriétaires d'une résidence en 2012, comparativement à 96,1% de celles du cinquième quintile.

On observe aussi que 10,2% des unités du premier quartile avaient des actifs dans des régimes de retraite privés, comparativement à 73,5% de celles du cinquième.

Dernier détail fort intéressant, la valeur nette totale des unités familiales du Québec s'élevait à quelque 1700 milliards, soit 21,1% de la valeur canadienne. Les unités familiales du Québec représentent toutefois 24,6% de l'ensemble des unités canadiennes.

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DES TAUX D'ENDETTEMENT DIFFÉRENTS

L'ESF mesure la valeur nette des unités familiales. On obtient ce chiffre en déduisant l'endettement de la valeur des actifs. L'endettement a grossi entre 1999 et 2012, mais il paraît moins dangereux que lorsqu'on le mesure en fonction du revenu personnel disponible. Il varie néanmoins beaucoup selon l'âge du soutien économique familial et le type de famille économique.

Endettement par tranche de 100$ d'avoir

/ 1999/ 2012

Ensemble des unités familiales / 13,06/ 14,21

Âge du soutien économique principal

Moins de 35 ans /33,61 /36,44

35 à 44 ans / 21,28/ 29,08

45 à 54 ans / 12,94 /13,80

55 à 64 ans / 5,89/ 1,99

65 ans et plus / 1,99/ 3,50

Type de famille économique

Famille de personnes âgées / 2,28/ 3,56

Couples seulement / 11,37/ 12,97

Couples avec enfants mineurs / 20,88/ 23,74

Familles monoparentales /25,69/ 25,72

On ne s'enrichit guère en étant seul pour payer loyer, chauffage ou électricité. La facture est plus lourde depuis qu'a grossi l'enveloppe de services de communications, qui inclut désormais téléphone filaire ou nomade, câble ou soucoupe, internet.

Proportion de personnes vivant seules /1999 / 2012

Dans le premier quintile /60,5% / 64,4%

Dans le troisième quintile /27,1% / 28,0%

Dans le cinquième quintile /13,9% / 13,3%