Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a lancé hier la deuxième phase d'une consultation nationale sur l'avenir du système télévisuel. Les internautes canadiens sont invités à répondre en ligne à un questionnaire sur leurs préférences liées notamment aux forfaits, à l'accès aux chaînes internationales, aux nouvelles locales, aux sports et autres.

La Presse en a profité pour soumettre le président de l'organisme, Jean-Pierre Blais, à son propre questionnaire.

Q Pourquoi mener cette consultation sur la télévision canadienne maintenant?

R Au Canada, nous avons eu un certain succès avec notre système de télévision. On a environ 700 chaînes différentes, de la diversité, du contenu local, des documentaires et tout ça. Mais nous avons perçu que la technologie et la façon dont les gens consomment leur télévision changeaient d'une façon profonde. Il est donc devenu important pour nous de revoir notre approche pour continuer d'atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.

Q Sans être alarmiste, percevez-vous que le système canadien est menacé?

R Ce n'est pas une question d'alarme ou de menace ou de panique. On tente d'amorcer cette procédure-là avant.

Notre cadre réglementaire a été fondé sur la télévision livrée par voie hertzienne, avec des câblodistributeurs. On y a greffé la distribution satellitaire puis, plus récemment, la distribution par internet, qui ressemble beaucoup aux câblodistributeurs.

Mais on voit à l'horizon que le rôle de la chaîne télévisuelle semble être remplacé par une consommation programme par programme. On voit donc des phénomènes comme Tou.TV, où on peut aller chercher seulement notre programme, sans tout l'habillage de la chaîne. Ça ne veut pas dire que la chaîne n'est pas importante, elle est même fondamentale à la production, mais on voit que les modes de consommation ont évolué considérablement.

Q La première phase vous a déjà donné un aperçu des commentaires des Canadiens envers leur télé. Les résumés que le Conseil en a faits pointent dans toutes les directions. Y a-t-il déjà des tendances qui émergent?

R Je pense que la divergence est vraiment la tendance lourde. Ce n'est pas surprenant. Si on voit la télévision comme une activité sociologique, dans les années 50, tout le monde était autour du même téléviseur, il y avait moins de chaînes, c'était plus rassembleur. Le fait maintenant que l'on a des téléviseurs, des portables, des tablettes, etc. fait en sorte que c'est très individuel, et ça ne me surprend pas que les commentaires que l'on reçoit soient tous azimuts.

Cela dit, il y a quand même des thèmes. C'est clair que les gens se posent des questions sur la valeur de leur service et le choix qu'ils ont ou qu'ils n'ont pas. Je perçois aussi que, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, le contenu local est très important, en termes particulièrement de nouvelles et d'informations.

Q Le processus semble se concentrer uniquement sur les fournisseurs de service télé, sans penser aux fournisseurs d'accès internet, dont le rôle est de plus en plus important. Peut-on réellement aujourd'hui revoir le système télévisuel sans toucher à internet?

R Évidemment, nous sommes conscients de l'environnement des télécommunications au sens large. Et il y a d'ailleurs des gens qui ont participé à la première phase et qui ont soulevé la question en disant que c'est bien beau d'avoir du contenu offert gratuitement en ligne, mais il n'est pas gratuit parce que pour y avoir accès, ils doivent aller chercher des forfaits avec des débits supérieurs.

Q Est-ce que cette consultation sur la télé pourrait par conséquent aussi déboucher sur de nouvelles mesures touchant l'accès à internet?

R Il pourrait y avoir des incidences. Nous avons déjà rendu des décisions en radiodiffusion qui ont eu des conséquences sur les télécommunications.