Depuis une vingtaine d'années, le Québec a quasiment comblé l'écart qui le séparait du reste du Canada au chapitre des diplômes postsecondaires.

Dans la cohorte des 25 à 64 ans, 49,6% des Québécois détenaient au moins un diplôme d'études collégiales en 2012, contre 27,3% seulement en 1990, selon de récents calculs de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiés il y a quelques jours.

Ainsi, les Québécois sont grosso modo au même niveau que l'ensemble du Canada. Dans le document «Le point sur le marché du travail canadien», déposé la semaine dernière par le ministre des Finances, Jim Flaherty, en même temps que son budget, on indique qu'«environ 51%» des Canadiens âgés de 25 à 64 ans ont fait des études postsecondaires. Ces calculs sont basés sur les données du Recensement de 2011.

Le Canada dans son ensemble et le Québec en particulier disputent sur ce plan le premier rang de l'Organisation de coopération et de développement économiques avec le Japon, qui a lui aussi un taux légèrement supérieur à 50%. Suivent, avec un taux de plus de 40%, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Finlande. La moyenne de l'OCDE est tout juste au-dessus de 30%.

Sans surprise, c'est avant tout aux femmes que le Québec doit son impressionnante remontée. En 1990, selon l'auteur de l'étude de l'ISQ Marc-André Gauthier, 38% des femmes de 25 à 64 ans ne détenaient pas de diplôme d'études secondaires, contre à peine 12% en 2012, soit 3 points de pourcentage de moins que les hommes, qui partaient pourtant de moins loin (25%).

Les femmes sont aussi plus nombreuses à avoir complété leurs études collégiales (22% contre 18%) et à détenir un diplôme universitaire (32% contre 27%).

Hommes et femmes sont cependant presque à parité en ce qui concerne les études universitaires supérieures au baccalauréat (175 000 contre 172 000).

Bien qu'il n'existe pas de certitude sur cette résilience masculine au sommet de la pyramide des diplômes, l'auteur fait remarquer que l'on compte davantage d'immigrants que d'immigrantes arrivant avec une solide formation scolaire, selon les données de l'Enquête nationale auprès des ménages.

Autre observation intéressante, les détenteurs du savoir se concentrent toujours plus à Montréal.

Encore beaucoup à faire

Cette progression du taux de diplomation ne doit pas nous faire oublier qu'il reste encore beaucoup à faire pour maintenir, voire accentuer la persévérance scolaire, comme on en a fait la promotion dans les écoles la semaine dernière.

Pour illustrer le chemin à parcourir, il n'y a qu'à regarder les données du marché du travail.

Le Québec fait moins bien que l'ensemble canadien au chapitre du taux d'activité (les personnes qui détiennent un emploi ou en cherchent un), du taux d'emploi et du taux de chômage des 15 ans et plus.

On fait souvent état, à juste titre, du taux d'activité plus faible de la cohorte des 55-65 ans. Cela masque par contre une réalité peut-être plus sinistre, si on se préoccupe de la compétitivité du Québec.

Dans la cohorte des Québécois de 15-24 ans, le taux d'activité et le taux d'emploi sont significativement plus élevés que pour les Canadiens de la même cohorte. Le corollaire de cette réalité, c'est sans doute qu'ils sont moins nombreux à étudier à temps plein puisque des droits de scolarité moins élevés les obligent moins à travailler pour boucler leur budget.

Le Québec a un taux de décrochage élevé, mais aussi un bon taux de raccrochage. Compte tenu des observations faites sur le marché du travail, il faut croiser les doigts pour que le second augmente plus que le premier...

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DES MARCHÉS DU TRAVAIL DISTINCTS

[Taux d'activité | Taux d'emploi | Taux à temps partiel | Taux de chômage]

Québec

15 ans et plus : 65,3 | 60,4 | 20,2 | 7,5

15 à 24 ans : 66,7 | 57,9 | 54,9 | 13,3

Canada

15 ans et plus : 66,3 | 61,6 | 19 | 7

15 à 24 ans : 63,4 | 54,6 | 48,7 | 13,9