L'investisseur américain Carl Icahn a renoncé lundi à demander davantage de rachats d'actions à Apple (AAPL), mais a poussé le groupe informatique à accélérer son programme en cours.

Le milliardaire a annoncé le retrait d'une proposition qui devait être soumise aux actionnaires d'Apple lors de l'assemblée générale le 28 février, et visait à augmenter de 50 milliards de dollars les rachats d'actions du groupe à la pomme.

«Nous ne voyons pas de raison de persister avec notre proposition», écrit-il dans une lettre ouverte aux actionnaires publiée sur son site www.shareholderssquaretable.com.

Carl Icahn, réputé pour ses passes d'armes avec la direction des entreprises dans lesquelles il investit, avait annoncé en août une prise de participation dans Apple, qu'il a depuis régulièrement augmentée. À son dernier pointage fin janvier, il chiffrait son investissement à 4,1 milliards de dollars, soit environ 0,9 % du capital.

Apple avait déjà annoncé début 2013, sous la pression d'un autre investisseur activiste, un gros programme de rachat d'actions de 60 milliards de dollars. Ce programme n'est toujours pas terminé, mais Carl Icahn le jugeait trop faible comparé aux énormes liquidités du groupe, qui dépassent les 100 milliards de dollars, et militait pour un relèvement.

Apple n'a pas donné suite aux demandes du milliardaire, mais son patron Tim Cook a annoncé en fin de semaine dernière, dans une entrevue au Wall Street Journal, que le groupe avait accéléré ses rachats d'actions planifiés, avec un total de 14 milliards de dollars sur les deux semaines précédentes.

«Ce type est comme un virus»

Les investisseurs semblaient juger l'issue de la bataille favorable à Apple à la Bourse de New York, où l'action du groupe informatique prenait 1,89 % à 529,50 dollars vers 13 h 30.

Les analystes interrogés par l'AFP étaient plus partagés.

«Apple a perdu car il a été forcé de faire quelque chose qu'il n'avait pas prévu», à savoir accélérer ses rachats d'actions, estime Rob Enderle, un analyste spécialisé dans le secteur technologique.

«Ca aurait pu être bien pire» car Carl Icahn «espérait clairement davantage», reconnaît-il, mais «en fin de compte Apple a des milliards de dollars de moins en réserve et Icahn est plus riche de quelques millions. Ce type est comme un virus, il fait plus de dommages qu'il ne gagne et il est très difficile de s'en débarrasser».

Jack Gold, président de la société de recherche J. Gold Associates, estime lui aussi que le milliardaire a remporté une petite victoire. Mais «en fin de compte Icahn peut seulement gagner s'il peut convaincre le marché qu'Apple ne fait pas ce qu'il faut pour ses actionnaires», juge-t-il, doutant qu'il ait suffisamment de pouvoir pour cela.

Même s'il évoque les récents rachats d'actions d'Apple, le milliardaire a lui-même reconnu avoir en partie retiré sa proposition faute de soutien d'une importante société de conseil aux actionnaires, ISS. Dans un avis rendu dimanche et dont l'AFP a eu copie, ISS a recommandé de rejeter la proposition de Carl Icahn «à la lumière des efforts faits de bonne foi par Apple pour retourner une grosse partie de ses liquidités générées aux États-Unis aux actionnaires».

Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research, argumente pour sa part que discuter du montant des dividendes ou des rachats d'actions d'Apple revient à se tromper de combat: «Ils devraient plutôt demander le départ du directeur général Tim Cook, du directeur financier Peter Openheimer et du conseil d'administration», qui «dorment au volant».

Il fait valoir qu'Apple, dont on attend toujours une innovation majeure après l'iPad qui remonte à 2010, est en situation «précaire» face à la concurrence de groupes comme Google par exemple. Tim Cook a laissé entendre que de nouveaux produits devraient arriver cette année, mais sans échéance précise pour l'instant.