Après avoir trébuché en décembre, le marché du travail s'est relevé en janvier d'un océan à l'autre au Canada, et même dans sa société distincte.

À l'échelle pancanadienne, les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada font état de l'ajout de 20 400 emplois, résultat de la différence entre l'addition de 50 500 postes à temps plein et la disparition de 21 100 à temps partiel. Compte tenu aussi d'une diminution de la population active, le taux de chômage a reculé de deux dixièmes, à 7,0%.

Le taux d'emploi, qui mesure la proportion des personnes âgées d'au moins 15 ans à détenir un emploi, est resté stable à 61,6%.

Il y a cependant un gros bémol à ce résultat: le nombre de salariés augmente à peine de 1000, l'apport venant essentiellement du travail autonome. Pis, les entreprises ont réduit leurs effectifs pour un deuxième mois d'affilée.

Au Québec, les chiffres sont moins reluisants encore une fois. Certes, on peut se réjouir de l'addition de 12 700 postes, mais ils sont tous à temps partiel, le nombre d'emplois à temps plein ayant même diminué de 700.

Il s'agit d'une tendance lourde. Si l'économie québécoise comptait 10 000 emplois de plus en janvier qu'un an plus tôt, le nombre de postes à temps plein a diminué de 66 800.

Néanmoins, le taux de chômage a reculé de deux dixièmes, à 7,5%, tandis que le taux d'emploi a grimpé d'un cran, à 60,4%.

Le bilan annuel canadien est moins morose: 145 900 emplois de plus, répartis moitié-moitié entre temps plein et temps partiel. C'est néanmoins seulement 12 000 emplois par mois en moyenne. Voilà pourquoi le taux de chômage fluctue tout près de la barre des 7% depuis un an.

En janvier, au pays, les emplois ont augmenté surtout dans le secteur des services, avec des apports significatifs dans le transport, la finance, les services professionnels et techniques, la santé et l'hébergement qui enregistrent tous des variations de plus de 10 000. Ces gains ont été en bonne partie compensés par des baisses d'effectifs comparables dans les services aux entreprises, l'enseignement et les administrations publiques.

Du côté des biens, on remarquera surtout la nouvelle baisse de 6800 emplois dans la fabrication, portant l'hémorragie de 12 mois à 21 600.

La fabrication est un des trop rares segments d'emplois où le Québec fait mieux que l'ensemble canadien depuis un an. L'ajout de 6500 emplois en janvier porte l'augmentation sur 12 mois à 9200, ou 1,9%. Le nombre de travailleurs en usines est tout juste sous la barre du demi-million. Il dépassait les 630 000 il y a neuf ans.

C'est en Ontario que le segment manufacturier souffre le plus avec une perte d'effectifs annuelle de 28 600, en dépit de la vigueur de l'industrie automobile.

Les données mensuelles de l'EPA étant bien volatiles, il convient de les observer sur une plus longue période. La création mensuelle moyenne des six derniers mois est de 15 000. C'est légèrement plus que la moyenne annuelle, ce qui reflète la légère accélération de la croissance depuis un semestre.

Cette expansion se nourrit en partie de la vigueur retrouvée de l'économie américaine, où le marché du travail continue de s'améliorer, bien qu'à un rythme décevant le mois dernier. En janvier, le nombre de salariés non agricoles a augmenté de 113 000. Cela semble peu, mais n'est pas si mal si on tient compte des révisions annuelles du Bureau of Labor Statistics qui ajoutent 347 000 emplois de plus que ce qu'on avait recensé le mois dernier.

Le taux de chômage a reculé d'un cran, à 6,6%, en dépit d'une augmentation considérable des demandeurs d'emploi qui fait passer le taux d'activité des 16 ans et plus à 63%, et le taux d'emploi à 58,8%.

C'est le deuxième mois d'affilée où le taux de chômage américain est plus faible que le canadien. Cela ne doit pas faire illusion. Avec le mode de calcul américain, le taux de chômage canadien passe à 6,0% et le taux d'emploi, à 62,2%.