Malgré l'hiver rude, les créations d'emplois devraient rebondir en janvier aux États-Unis après un mois de décembre atypique, estiment les analystes alors que les chiffres officiels de l'emploi paraissent vendredi.

Les analystes s'attendent dans leur prévision médiane à 175.000 créations nettes d'emplois en janvier, un fort rebond par rapport au chiffre décevant de 74.000 créations annoncées à la surprise générale pour décembre.

Le taux de chômage devrait rester stable à 6,7%, son plus bas niveau depuis octobre 2008, estiment les analystes. Le département du Travail publiera ces chiffres à 13H30 GMT.

Paradoxalement, malgré de médiocres créations d'emplois, le taux de chômage avait perdu le mois dernier 0,3 point de pourcentage, surtout à cause des conditions hivernales exceptionnelles, mais aussi à cause du déclin de la population active. De nombreux Américains découragés abandonnent la recherche d'un emploi.

Mercredi, les analystes ont été dans l'ensemble confortés par l'indicateur des créations d'emplois dans le secteur privé réalisé par le numéro un des services de paie ADP et Moody's Analytics.

Selon cet indice, le secteur privé à lui seul a créé 175 000 emplois en janvier. Ce chiffre montre que tous les secteurs sauf l'industrie manufacturière ont créé davantage d'emplois qu'ils n'en ont détruits le mois dernier. Il était quasiment en ligne avec les attentes des analystes, mais en recul par rapport au mois dernier.

«Les embauches ont ralenti dans le secteur privé en ce début d'année. Il n'est pas évident de savoir si c'est dû à des facteurs ponctuels, comme les conditions climatiques, ou bien à un ralentissement de la demande», notait Jennifer Lee, de BMO, penchant davantage pour le facteur climatique.

Pour Paul Dales, senior économiste pour Capital Economic, le rythme relativement soutenu des créations d'emplois dans le privé est au contraire «un nouveau signe que l'économie n'a pas calé».

Il se montre toutefois «peu convaincu» de la fiabilité de l'indicateur ADP qui, en décembre, avait affiché 227 000 créations d'emplois dans le privé, trois fois plus que les chiffres du gouvernement qui, selon des méthodes différentes, évaluent à la fois le secteur privé et public.

«C'était le plus gros raté en cinq ans», affirme-t-il.

Les analystes restent toutefois optimistes sur un rebond des créations d'emplois en janvier au vu notamment de l'indice des directeurs d'achats dans le secteur des services (ISM). La composante emploi de cet indicateur affiche une hausse de presque un point de pourcentage. «C'est très encourageant vu les conditions climatiques sévères», assure Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.

«Les données d'ADP sont souvent beaucoup moins sensibles aux facteurs temporaires comme les conditions météo par rapport aux statistiques du ministère», juge Jim O'Sullivan, pour High Frequency Economics. Selon lui, «le principal message est que la tendance de fond de croissance de l'emploi est demeurée solide ces derniers mois».

Les dernières prévisions du Bureau du Budget du Congrès (CBO), parues mercredi, montrent que le taux de chômage devrait continuer à baisser sans discontinuer au cours des prochaines années. Il est déjà passé de 7% en 2013 à 6,7% en 2014 et il devrait glisser à 6,3% en 2015.

C'est moins optimiste que les projections de la Réserve fédérale (Fed), qui table sur un taux de chômage situé entre 6,3% et 6,6% en 2014 et 5,8% à 6,1% l'année suivante.

Fin janvier, malgré les créations d'emplois décevantes de décembre, la Fed a poursuivi le retrait progressif de son soutien monétaire à l'économie en décidant une nouvelle diminution de ses achats de bons du Trésor. Elle n'envisage pas un relèvement des taux d'intérêt directeurs avant 2015.