Difficile pour Framestore de trouver un meilleur spécialiste d'effets visuels que Chris Lawrence afin de superviser les débuts de son studio montréalais.

Le Britannique de 34 ans avait déjà une réputation enviable chez Framestore à Londres avant d'être nommé numéro deux du studio montréalais de Framestore il y a un an, mais voilà qu'il se retrouve en nomination aux Oscars pour les effets visuels du film Gravity, un thriller spatial d'Alfonso Cuaron mettant en vedette George Clooney et Sandra Bullock. «Après avoir lu le scénario la première fois, je me suis dit que c'était impossible à réaliser sur le plan des effets visuels», dit Chris Lawrence, qui se dit «honoré et chanceux» de la nomination de Gravity aux Oscars.

Réaliser l'«impossible»

Cette nomination, c'est l'aboutissement de quatre ans de la vie professionnelle de Chris Lawrence, l'un des premiers employés de Framestore Londres affecté en 2009 au projet Gravity. Quatre ans à tenter de réaliser «l'impossible», surtout en raison des plans-séquences d'une dizaine de minutes qui se succèdent durant le film.

«Ça n'avait jamais été fait à une aussi grande échelle, tout devait être en parfaite continuité», dit cet ingénieur de formation, qui a fait des robots pour Hewlett-Packard en Californie avant de commencer sa carrière en effets visuels chez Framestore à Londres en 2001.

Au plus fort de l'aventure, c'est lui qui dirigeait environ 150 des 250 membres de l'équipe des effets visuels de Gravity chez Framestore à Londres, sous la supervision du directeur du projet Tim Webber. Il refuse de se désigner comme le numéro deux de l'équipe, même si son nom vient au deuxième rang de la nomination aux Oscars. «Les effets visuels sont un travail d'équipe», insiste Chris Lawrence. Et sa nouvelle équipe est montréalaise.

Nouveau défi à Montréal

Après avoir terminé les effets visuels de Gravity en décembre 2012, Chris Lawrence cherche un nouveau défi - si possible dans une autre ville, lui qui a partagé sa vie professionnelle entre la Californie et Londres. Quand son employeur lui propose le poste de directeur du service d'infographie 3D de son nouveau studio à Montréal, le choix est facile. «On va me demander une seule fois dans ma vie de bâtir un studio d'effets visuels», dit Chris Lawrence, qui est le numéro deux de Framestore Montréal, après le directeur du studio, Benoit Touchette, qui s'occupe du volet administratif.

Dans le studio du Mile End, Chris Lawrence côtoie une vingtaine des membres de l'équipe de Gravity, aussi venus de Londres l'an dernier. Le reste des employés - il supervise environ 90 des 160 employés - ont été recrutés au Québec et ailleurs à l'étranger. «Nos employés québécois compensent ce qu'ils n'ont pas en expérience en créativité et en enthousiasme», dit-il.

Avec plusieurs projets à mener de front ces jours-ci - le premier film du studio montréalais de Framestore, RoboCop, sort au cinéma le 12 février - , Chris Lawrence n'a pas trop le temps de penser à la soirée des Oscars. Il sera au Dolby Theater de Los Angeles le 2 mars prochain avec le gratin hollywoodien, mais ne comptez pas sur ce Britannique plutôt timide pour s'adresser aux millions de téléspectateurs (40 millions aux États-Unis l'an dernier) si Gravity remporte la précieuse statuette. «Si on gagne, je vais rester debout, envoyer la main à la télé, mais je ne parlerai pas», dit-il avant de faire une pause. «Mais j'ai bien dit: SI on gagne...»