Il n'y a pas qu'en informatique que les personnes atteintes d'autisme peuvent s'avérer de bons employés, ont noté hier des spécialistes, au lendemain de l'annonce de la firme de logiciels SAP d'ouvrir trois postes destinés à des autistes.

La firme danoise Specialisterne, qui s'est implantée au Canada en novembre dernier avec l'objectif de trouver un emploi à 10 000 autistes en 10 ans et qui aide SAP dans sa démarche, s'est d'abord tournée vers les technologies de l'information parce que c'était «naturel», selon son responsable de la stratégie et du développement au pays, Alan Kriss.

«Mais on ne pourrait pas placer 10 000 personnes simplement en technologies de l'information», note-t-il.

Autres tâches

Les employés autistes peuvent aussi se révéler très utiles dans une foule d'autres tâches, estime M. Kriss, à commencer par l'analyse de données, un type d'emploi de plus en plus en demande dans tous les secteurs d'activité, du marketing au jeu vidéo.

«Il ne faut pas véhiculer l'image que les personnes autistes doivent travailler en informatique», ajoute Martin Prévost, vice-président de la Fondation Autisme Montréal et coordonnateur chez Action main-d'oeuvre, une firme spécialisée dans la recherche d'emplois.

«Ce n'est pas une caractéristique des personnes autistes que d'être doué en informatique ou d'avoir envie de travailler en informatique, constate-t-il. On en a qui travaillent en soins aux personnes, en fleuristerie, dans la restauration, dans des entrepôts, comme enseignants, comme chercheurs, comme photographes, toutes sortes de choses.»

Si l'ambition de SAP pouvait inciter des entreprises d'autres secteurs à l'imiter, «ce serait une bonne affaire», espère M. Prévost.

Recrutement problématique

Les deux spécialistes s'entendent aussi sur une autre chose. Le principal obstacle des autistes est souvent le processus de recrutement plutôt que l'emploi lui-même.

«Le processus d'embauche typique implique une entrevue téléphonique, puis le désir du recruteur de trouver quelqu'un qui soit social, qui lui serre la main, qui le regarde dans les yeux, qui puisse jaser de la pluie et du beau temps, explique-t-il. Ce sont toutes des choses qui représentent un grand défi pour les personnes atteintes d'autisme. Mais aucune de ces choses n'a un quelconque lien avec l'emploi lui-même.»