La Banque du Canada a abaissé mercredi ses prévisions au sujet de l'inflation, qui se maintient de façon soutenue en bas de la cible qu'elle privilégie, mais la banque centrale a laissé son taux d'intérêt directeur inchangé à 1%.

La banque a maintenu sa neutralité en ce qui a trait à son prochain changement de taux, qui pourrait aussi bien être une baisse qu'une hausse. Le taux directeur n'a pas bougé depuis plus de trois ans, dans un contexte de lente reprise et de faible inflation.

Bien qu'elle constate des améliorations dans les conditions économiques canadiennes, la Banque du Canada a indiqué s'attendre à ce que l'inflation soit encore plus faible qu'elle ne l'avait d'abord cru, en partie en raison de la forte concurrence entre les détaillants.

La banque mise sur une inflation à 0,9% pour la première moitié de 2014, en baisse par rapport à sa prévision précédente de 1,2%, mais elle devrait remonter «très progressivement» et atteindre le coeur de la cible idéale de la banque, soit 2%, au dernier trimestre de 2015.

La croissance économique pour la deuxième moitié de 2013 a été supérieure aux attentes et devrait continuer de prendre de l'allure pour passer de 1,8% en 2013 - selon les estimations - à 2,5%, tant en 2014 qu'en 2015, a prédit la banque centrale.

La plus forte demande aux États-Unis et le recul du dollar canadien devraient profiter aux exportations, ce qui devrait conséquemment améliorer la confiance du milieu des affaires et stimuler l'investissement.

Les perspectives de la banque centrale ont pesé sur le dollar canadien mercredi et celui-ci a cédé 0,95 cent US pour clôturer à 90,19 cents US.

Le huard a perdu près de 4 cents US depuis le 31 décembre, alors qu'il avait clôturé l'année à 94,02 cents US en raison d'une combinaison de facteurs, notamment un raffermissement du billet vert américain, la faiblesse des cours des matières premières et un environnement économique canadien marqué par la faiblesse des taux d'intérêt et de l'inflation.

«Bien que notre monnaie se soit dépréciée au cours des derniers mois, elle demeure forte et continuera de présenter des défis sur le plan de la compétitivité des exportations canadiennes hors produits de base», a écrit la banque dans son rapport.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, considère que cette phrase est la plus importante du document.

«C'est une solide déclaration pour la banque, et ils ne diront jamais plus clairement que la devise est toujours surévaluée et que, par conséquent, toute nouvelle dépréciation est bienvenue», a écrit M. Porter dans une note de recherche.

M. Porter a en outre noté que l'accent mis sur la possibilité que l'inflation soit trop faible a été «haussé d'un cran» dans cette plus récente déclaration de la banque.

Risques toujours équilibrés

La Banque du Canada s'attend à ce que la croissance économique mondiale - stimulée par l'élan plus significatif des États-Unis - passe de 2,9% en 2013 à 3,4% en 2014 et 3,7% en 2015.

Mais l'institution a en outre noté s'attendre «à ce que l'inflation demeure nettement sous la cible pendant quelque temps», notamment en raison de la concurrence accrue dans le secteur du détail - ce qui garde les prix des biens et des services plus bas - et de la capacité excédentaire. Par conséquent, «les risques à la baisse entourant l'inflation ont gagné en importance», a-t-elle précisé.

«Les principaux risques ont trait à des investissements plus robustes aux États-Unis, à une moins bonne tenue des exportations canadiennes et aux déséquilibres dans le secteur des ménages.»

L'inflation d'ensemble s'est établie à 0,9% en novembre, ce qui en faisait le septième des 13 derniers mois à montrer une inflation inférieure à la fourchette-cible de la banque centrale, qui s'étend entre un et 3%. En outre, l'inflation s'est constamment maintenue sous la cible idéale de 2%.

Les chiffres sur l'inflation du mois de décembre seront dévoilés vendredi.

«La marge importante et persistante de capacités inutilisées au sein de l'économie a contribué à ce qu'augmente considérablement, depuis la mi-2012, la proportion des biens de consommation et des services intégrés à l'indice de référence qui enchérissent de moins de deux pour cent par an», a expliqué la banque.

«La concurrence accrue dans le commerce de détail concourt également au faible niveau de l'inflation.»

Mais la Banque du Canada a tout de même conclu que les différents risques restaient équilibrés et a choisi de maintenir son taux directeur à son niveau actuel.

La banque doit rendre sa prochaine décision sur sa politique monétaire le 5 mars. La prochaine mise à jour de ses prévisions pour l'économie et l'inflation est pour sa part prévue pour le 16 avril.