L'économie canadienne a perdu 45 900 travailleurs en décembre et affiché pour 2013 la pire croissance du marché de l'emploi depuis 2009, ce qui a soulevé certaines inquiétudes quant à la sa performance pour 2014.

Le taux de chômage a grimpé à 7,2% pour le dernier mois de l'année, comparativement à celui de 6,9% enregistré en novembre.

Selon l'économiste en chef de BMO Marchés de capitaux, Doug Porter, ces désastreuses données sur l'emploi ajouteront de la pression sur le dollar canadien et pourraient alimenter les rumeurs entourant une éventuelle réduction du taux d'intérêt directeur de la Banque du Canada.

Le huard a cédé vendredi 0,42 cent US à 91,73 cents US après avoir reculé jusqu'à 91,36 cents US en cours de séance, son plus faible niveau depuis septembre 2009.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a déjà indiqué que le prochain changement apporté à la politique monétaire de la banque centrale pourrait aussi bien être une baisse du taux directeur qu'une hausse.

Cependant, M. Porter a estimé qu'il faudrait probablement plus d'un mois de données décevantes sur le marché de l'emploi pour entraîner une réduction du taux directeur.

«Nous continuons de croire que la banque aura besoin de voir une période prolongée de sous-performance et même de plus faible inflation avant de simplement considérer un assouplissement», a précisé M. Porter.

La baisse de décembre, la plus importante en un mois depuis mars 2013, était notamment le fait d'un déclin de l'emploi à temps plein - ceux-ci ont reculé d'environ 60 000. Cette perte a été partiellement contrebalancée par un gain de 14 200 emplois à temps partiel.

Les économistes s'attendaient en moyenne à ce que l'économie crée 14 600 emplois et à ce que le taux de chômage reste inchangé à 6,9%, d'après les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Le taux de chômage bondit au Québec

Au mois de décembre, l'Ontario et l'Alberta ont affiché les reculs les plus importants, avec les pertes de 39 000 et 12 000 emplois respectivement. La Colombie-Britannique a accueilli 13 000 travailleurs, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador en a gagné 1900.

Au Québec, un total de 10 200 emplois a été perdu le mois dernier. L'emploi à temps plein a encaissé la quasi-totalité des pertes, pendant que celui à temps partiel est resté stable. Le taux de chômage québécois a bondi de 0,5 point de pourcentage par rapport à novembre, pour atteindre 7,7%, ce qui s'explique par le repli de l'emploi et une hausse du nombre de personnes à la recherche d'un emploi.

Les plus faibles données que prévu au Canada surviennent alors que les États-Unis dévoilaient vendredi, eux aussi, des chiffres décevants sur l'emploi pour le mois de décembre.

Le plus important partenaire commercial du Canada a vu la création de 74 000 emplois le mois dernier, alors que la moyenne mensuelle des emplois créés a été de 214 000 pour les quatre mois précédents. Le département américain du Commerce a en outre indiqué que le taux de chômage avait reculé à 6,7%, par rapport à sept pour cent en novembre, parce que de nombreux Américains avaient cessé de rechercher un emploi.

«Résolument mauvais», malgré la volatilité

Le rapport du mois de décembre a clos une semaine de données économiques canadiennes plutôt décevantes. Statistique Canada a indiqué plus tôt cette semaine que le déficit commercial du pays s'était creusé en novembre, les importations ayant avancé tandis que les exportations restaient stables.

L'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, a rappelé que les chiffres sur l'emploi peuvent être volatils d'un mois à l'autre, mais a malgré tout jugé que ceux du mois de décembre était résolument mauvais.

«Nous sommes de moins en moins étonnés par ce rapport, qui a montré pas mal de volatilité dans la dernière année, mais de toute évidence, il s'agit d'une déception tant pour le Canada que pour les États-Unis», a observé M. Shenfeld.

Cependant, M. Shenfeld a noté que le quatrième trimestre avait commencé avec un assez bon élan.

«Parce que nous avons connu un bon départ, le quatrième trimestre reste raisonnablement bon et la vraie question est: allons-nous avoir un rebondissement en janvier et en février pour aider les chiffres du premier trimestre?»

Du côté des différents secteurs, celui des services éducatifs a perdu 19 000 emplois, tandis que la catégorie des autres services, qui comprend les soins personnels et les organisations sociales, en a perdu 15 000. Le secteur de l'agriculture a vu 9800 emplois disparaître et celui des ressources naturelles en a cédé 8000.

Le secteur des soins de santé et de l'aide sociale a été le seul à afficher des gains en décembre, avec l'ajout de 22 000 emplois.

Le taux de chômage dans les provinces du Canada

* Le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses.

- Terre-Neuve-et-Labrador 10,8 (12,3)

- Île-du-Prince-Édouard 11,5 (11,4)

- Nouvelle-Écosse 9,2 (8,8)

- Nouveau-Brunswick 9,7 (9,7)

- Québec 7,7 (7,2)

- Ontario 7,9 (7,2)

- Manitoba 5,5 (5,6)

- Saskatchewan 3,9 (4,1)

- Alberta 4,8 (4,7)

- Colombie-Britannique 6,6 (6,7)

Le taux de chômage dans les grandes villes du Canada

- Saint-Jean, T.-N.-L. 5,9 (5,9)

- Halifax  6,8 (6,5)

- Moncton 7,7 (7,7)

- Saint-Jean, N.-B. 7,0 (8,0)

- Saguenay 7,4 (7,8)

- Québec 4,7 (4,9)

- Sherbrooke 7,0 (7,1)

- Trois-Rivières 8,3 (8,2)

- Montréal 8,0 (7,9)

- Gatineau 6,9 (6,4)

- Ottawa 5,9 (5,7)

- Kingston 6,0 (5,9)

- Peterborough 6,0 (5,7)

- Oshawa 6,9 (6,6)

- Toronto 8,4 (8,2)

- Hamilton 6,7 (6,8)

- St. Catharines-Niagara 8,8 (8,6)

- Kitchener-Cambridge-Waterloo 6,1 (6,0)

- Brantford 5,1 (4,1)

- Guelph 7,5 (7,4)

- London 7,8 (7,5)

- Windsor 7,8 (8,5)

- Barrie 5,2 (5,1)

- Sudbury 6,8 (6,9)

- Thunder Bay 5,9 (6,3)

- Winnipeg 5,8 (5,9)

- Regina 4,2 (3,9)

- Saskatoon 4,2 (4,2)

- Calgary 4,7 (4,6)

- Edmonton 5,5 (5,1)

- Kelowna 6,9 (6,2)

- Abbotsford 8,0 (7,5)

- Vancouver 6,4 (6,6)

- Victoria 4,5 (4,3)