BlackBerry espère faire de nouveau table rase alors qu'il se prépare à affronter 2014 avec un second souffle et un leader convaincu de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué en sauvant le fabricant de téléphones intelligents d'une mort lente et pénible.

Après des mois d'incertitude et de résultats financiers désastreux, le sort de BlackBerry est entre les mains du président et chef de la direction John Chen, qui souhaite mener l'entreprise à bon port grâce à une vision renouvelée.

«Je dois convaincre le monde que le combat est maintenant commencé, a déclaré M. Chen lors d'un récent événement médiatique au siège social de la compagnie. Ce sera un long voyage, sans l'ombre d'un doute.»

Même si la chance est contre lui, John Chen assure qu'il redorera le blason de BlackBerry en tentant de regagner la clientèle d'affaires qui a contribué à faire de l'entreprise l'un des grands noms de l'industrie des téléphones intelligents.

«Nous allons vraiment revenir à nos racines», a-t-il indiqué.

Si cette situation semble familière, c'est parce que BlackBerry s'est déjà retrouvé dans cette délicate position.

La société établie à Waterloo, en Ontario, a passé les dernières années à perdre sa bataille pour obtenir une plus grande part du marché alors que l'iPhone d'Apple et les autres téléphones intelligents utilisant le système d'exploitation Android ruinaient sa réputation de développeur à la fine pointe de la technologie auprès des consommateurs.

En janvier, après avoir repoussé deux fois la date de sortie, BlackBerry a lancé ses plus récents téléphones intelligents et systèmes d'exploitation à New York avec l'espoir d'inaugurer une nouvelle ère qui prouverait à ses détracteurs qu'ils avaient tort de prédire sa fin.

Mais une fois la poussière retombée, il est devenu évident que les nouveaux téléphones BlackBerry 10 n'avaient pas séduit le public.

La plupart des publicités demeuraient vagues au sujet des caractéristiques des appareils, se contentant de surfer sur la grandeur passée de BlackBerry au lieu de faire la promotion des produits.

M. Chen croit que les dirigeants de BlackBerry étaient un peu perdus alors qu'ils se démenaient pour livrer les nouveaux téléphones.

«Par le passé, nous étions un peu confus parce qu'il y avait trop de chemins différents que nous pouvions prendre, a-t-il affirmé, faisant référence à la période précédant son arrivée au sein de la compagnie. Nous avons perdu un temps précieux et les gens en ont profité, mais à partir de maintenant, ils auront beaucoup moins d'occasions de s'amuser.»

Il y a quelques mois, la haute direction de BlackBerry était beaucoup moins optimiste par rapport à l'avenir.

Le fabricant de téléphones intelligents semblait sur le point d'être morcelé et vendu ou réduit au statut de société fermée lorsqu'un groupe d'investisseurs a accepté en novembre d'injecter 1 milliard de dollars US dans l'entreprise, soit suffisamment de fonds pour lui offrir une deuxième chance.

La décision de Fairfax Financial[[|ticker sym='FFX'|]], l'un des plus importants actionnaires de BlackBerry, de trouver le financement nécessaire pour sauver la compagnie en a surpris plusieurs. C'était aussi le signe que le reste du monde était peu intéressé par l'entreprise.

Avant ce dénouement, BlackBerry avait passé des mois à faire la promotion de ses actifs, sans trouver un acheteur sérieux. Les cofondateurs Mike Lazaridis et Doug Fregin ont mis leur offre sur la glace alors que d'autres gros joueurs, comme Facebook, ont envisagé la possibilité de se porter acquéreur avant de finalement se désister.

La nouvelle entente financière a apporté plusieurs changements au sein de la compagnie, dont le départ du chef de la direction Thorsten Heins ainsi que de nombreux hauts dirigeants et membres du conseil d'administration, dont certains avaient aidé BlackBerry à se propulser jusqu'au sommet.

M. Chen est sûr d'avoir choisi la bonne voie, même si la réalité à laquelle sera confrontée la firme n'est pas très encourageante.

Pour son plus récent trimestre, BlackBerry a enregistré une perte de 4,4 milliards de dollars US alors que les ventes de ses téléphones continuent à chuter. La société est cependant parvenue à faire passer ses espèces en caisse à 3,2 milliards de dollars US à la fin de novembre, grâce à l'aide de 1 milliard de dollars apportés par Fairfax et un groupe d'autres investisseurs.

Mardi, M. Laziradis a fait les manchettes en vendant pour 26 millions de dollars d'actions de BlackBerry, un geste posé avant la date limite pour les pertes fiscales au Canada, mais qui a aussi fait baisser sa part dans l'entreprise à moins de cinq pour cent.

Les investisseurs demeurent cependant optimistes, du moins pour le moment, encouragés par l'attitude déterminée de M. Chen. L'action de l'entreprise a grimpé de 24% depuis la publication de ses derniers états financiers la semaine dernière. L'action a clôturé à 7,83 $ vendredi, en baisse de 42 cents, ou cinq pour cent, à la Bourse de Toronto.

«Aujourd'hui, les gens sont enthousiastes, mais nous verrons s'ils seront aussi patients dans deux trimestres alors qu'il n'y aura probablement aucune preuve de reprise», a déclaré Mike Genovese, un analyste pour MKM Partners.

Selon M. Genovese, il faudra au moins un an à BlackBerry pour montrer des signes de guérison. M. Chen estime pour sa part que la firme ne sera pas rentable avant au moins la deuxième moitié de 2016.