Après plusieurs mois inquiétants, les données volatiles de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada indiquent un certain redressement de l'emploi au Québec, à tout le moins une consolidation.

Elles montrent aussi une entrée dans le déclin démographique qui a de quoi plus inquiéter que célébrer.

En novembre, l'EPA fait état d'un ajout de 8600 emplois, un chiffre non significatif puisqu'il est bien en deçà de l'erreur d'échantillonnage de 15 400 de cette enquête menée auprès de 56 000 ménages d'un océan à l'autre.

Si on fait abstraction de ce bémol, ces nouveaux emplois, jumelés à une légère diminution de la population active, ont été suffisants pour ramener de 7,5% à 7,2% le taux de chômage et hisser d'un cran le taux d'emploi à 60,5%.

Le solde de 8600 emplois est malheureusement le résultat de 31 700 postes à temps plein en moins et de 40 300 emplois à temps partiel en plus. Depuis le début de l'année, le Québec compte 12 300 emplois de plus, mais 33 700 de moins à temps plein.

Le taux d'emploi à temps partiel est d'ailleurs passé de 18,8% à 19,8% depuis le début de l'année, alors que la moyenne canadienne est de 19,0%, en hausse de 2 centièmes.

D'un océan à l'autre, on compte 21 600 emplois de plus, d'octobre à novembre, la quasi-totalité à temps partiel, ce qui a été suffisant pour maintenir le taux de chômage à son creux cyclique de 6,9% pour le troisième mois d'affilée. Après 11 mois, l'économie canadienne a ajouté 147 900 emplois, dont un peu plus de la moitié à temps plein.

À l'échelle canadienne, les données ne sont pas reluisantes non plus puisque 19 100 des nouveaux emplois sont le fait de travailleurs autonomes qu'on retrouve surtout dans les services aux entreprises, dans l'enseignement et vraisemblablement dans la fabrication dont l'effectif s'est gonflé de 24 900 personnes (tout en stagnant au Québec). Le travail autonome est jugé de moindre qualité que l'emploi salarié.

Le gouvernement du Québec a accueilli avec grande satisfaction les données publiées hier qui faisaient état d'un total de 4 056 500 emplois, un sommet historique.

Si cette donnée peut réjouir, il en est d'autres qui préoccupent. Au Québec, la population des 25-54 ans, les forces vives d'une société, a perdu 12 100 éléments. Dans le reste du Canada, on observe plutôt une augmentation de 66 600 personnes dans cette cohorte.

C'est donc dire que l'augmentation du nombre d'emplois au Québec repose désormais sur un taux accru de participation à la population active, ce qui est faisable.

Pour l'ensemble de la population de 15 ans et plus, il est cependant en baisse de 0,3%, à hauteur de 65,2%, ce qui reste 1,2 point de pourcentage de moins que pour le Canada dans son ensemble. En Ontario, il s'élève à 66,2%.

Tant à l'échelle québécoise que canadienne, la croissance de l'emploi reposera surtout sur l'amélioration de nos exportations puisque la demande intérieure montre des signes d'essoufflement.

Par bonheur, l'économie américaine retrouve son tonus. En novembre, il s'y est créé plus de 200 000 emplois pour le troisième mois d'affilée. Cela a permis de faire reculer le taux de chômage de trois dixièmes, à 7,0%, pour la première fois depuis la récession. Signe de vigueur, la semaine moyenne de travail a augmenté d'un dixième, à 34,5 heures.

L'écart de un dixième entre les taux de chômage canadien et américain ne doit pas faire illusion. Le Bureau of Labor Statistics place le seuil de la population active à 16 ans, Statistique Canada, à 15. Avec la méthodologie américaine, le taux de chômage canadien descend à 6,0%.

La croissance de l'emploi a beaucoup à faire encore aux États-Unis, ce qui ouvre des perspectives pour les exportateurs canadiens (et québécois)... et leurs effectifs.