Les chiffres de l'emploi aux États-Unis en novembre, qui paraissent vendredi, devraient montrer une baisse du taux de chômage et une croissance soutenue des créations d'emplois, alors que l'économie s'est remise du «shutdown» administratif.

Le taux de chômage et les créations d'emplois nettes pour novembre seront publiées à 8h30 par le département du Travail vendredi.

Les analystes dans leur prévision médiane s'attendent à ce que le taux de chômage perde un dixième de point à 7,2% contre 7,3% en octobre et que l'économie crée 188 000 emplois nets.

Certains analystes, comme ceux de Deutsche Bank, prévoient en outre que les créations d'emplois des deux mois précédents soient révisées en hausse d'au moins 50 000 par mois.

En octobre, les chiffres de créations d'emplois avaient créé la surprise affichant 204 000 nouvelles embauches malgré la paralysie du gouvernement pendant le bras de fer avec le Congrès sur le budget («shutdown»).

Selon l'indicateur avancé de la société de services aux entreprises ADP, les créations d'emplois dans le secteur privé seul ont affiché en novembre le meilleur mois de l'année. Les entreprises privées ont créé 215 000 emplois et les embauches du mois précédent ont été largement révisées en hausse.

«Les employeurs de tous les secteurs de l'industrie ont regardé au-delà des querelles politiques de Washington. Il semble que la croissance de l'emploi s'accélère», a commenté Mark Zandi l'économiste de Moody's Analytics pour ADP.

Même son de cloche chez High Frequency Economics où Jim O'Sullivan estime que «l'économie est parvenue à dépasser la saga du 'shutdown' et du plafond de la dette et semble gagner de l'élan».

«Vendredi, nous avons les chiffres de l'emploi et ils pourraient être décents», suggère l'économiste indépendant Joel Naroff qui ajoute que, si le taux de chômage recule, «cela pourrait créer une grande confusion sur les marchés financiers».

Car de bons chiffres de l'emploi pourraient «accroître la probabilité que les responsables de la politique monétaire réduisent l'aide de la Fed lorsqu'ils se réuniront les 17 et 18 décembre», rappelle Joseph LaVorgna, chef économiste pour Deutsche Bank Research.

La politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale, en particulier l'achat massif de bons du Trésor, a poussé les taux d'intérêt à la baisse encourageant la reprise et attirant les investisseurs vers Wall Street où les indices ont battu des records historiques.

Toutefois, beaucoup d'économistes ne prévoient pas de réduction dans les achats d'actifs de la Fed avant l'année prochaine, après le passage de témoin entre Ben Bernanke et la nouvelle présidente désignée Janet Yellen.

Début novembre devant le Congrès, Mme Yellen a répété que le chômage était encore «trop haut» et que «le plus sûr chemin vers un retour à une approche plus normale de la politique monétaire» était «de soutenir l'économie aujourd'hui».

Certains économistes prévoient en revanche que la Fed change le seuil de chômage à partir duquel elle pourrait plus tard remonter les taux d'intérêt. «Ils vont modifier le seuil», assure Joseph LaVorgna de Deutsche Bank Research dans une note.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) a indiqué jusqu'ici qu'il ne prévoyait pas de relever les taux tant que le chômage se situerait au-dessus de 6,5%. En abaissant cette limite à 6%, et dans la mesure où l'inflation reste contenue, le FOMC pourrait promettre de garder plus longtemps les taux proches de zéro.

Autre signe d'une reprise du marché de l'emploi, les demandes hebdomadaires d'allocations chômages ont reculé de façon continue ces dernières semaines. En moyenne sur un mois, elles sont en baisse de près de 8000.