Le quatrième câblo-opérateur américain, Charter Communications, a ouvert les hostilités lundi dans la course au rachat du numéro deux Time Warner Cable (TWC), objet de spéculations depuis des semaines.

Charter a annoncé avoir proposé à son concurrent d'ouvrir des négociations sur une fusion, précisant dans une lettre rendue publique avoir suggéré en décembre un prix situé entre 130 et 135 dollars par action TWC, dont environ 83 dollars en numéraire.

Cela correspond à peu près au cours actuel du titre, qui a clôturé lundi soir à 132,40 dollars, soit une valorisation boursière totale pour le groupe de 37,3 milliards de dollars. Charter pèse lui-même en Bourse près de 14 milliards de dollars.

En confirmant publiquement son intérêt, Charter semble surtout vouloir mettre la pression sur la direction de TWC.

Dans sa lettre, le directeur général de Charter, Thomas Rutledge, rappelle en effet que TWC a «rapidement rejeté» deux premières propositions en juin et en octobre, et a répondu à l'offre faite en décembre «avec une attente de prix irréaliste».

TWC a rétorqué dans un communiqué séparé que son conseil d'administration avait rejeté «à l'unanimité» une offre «grossièrement inadéquate» et qui «sous-évalue de manière importante TWC».

«Nous avons dit clairement à Charter le 27 décembre que notre conseil d'administration était ouvert à une transaction avec Charter à un prix de 160 dollars par action TWC, dont 100 dollars en numéraire et 60 dollars en actions Charter», a précisé son PDG Rob Marcus. Un tel prix valorise l'ensemble du groupe à un peu plus de 45 milliards de dollars.

Début des enchères?

M. Rutledge affirme dans sa lettre que le rapprochement des deux câblo-opérateurs serait créateur de valeur pour les actionnaires, car il permettrait de dégager des économies et d'accélérer la croissance interne.

Il estime aussi que l'opération pourrait «aider à rationaliser» le marché américain du câble, en entraînant des cessions et des échanges d'actifs avec d'autres acteurs du secteur.

Le patron de Charter dit être prêt à boucler une potentielle opération de manière «extrêmement rapide»: il a déjà négocié les financements nécessaires pour une opération en numéraire et en actions, et la signature de lettres d'engagement fermes pourrait n'être «qu'une affaire de jours».

«Le temps presse pour préparer nos sociétés à faire face aux défis du secteur, et c'est pourquoi nous avons décidé d'annoncer aux actionnaires des deux entreprises le statut de nos discussions jusqu'ici», conclut-il.

Charter pourrait bien surtout se voir couper l'herbe sous le pied par un autre prétendant.

Les médias américains avaient évoqué en fin d'année dernière un intérêt pour TWC du numéro trois américain du câble, Cox Communications, éventuellement associé à un partenaire, et même du numéro un, Comcast.

Des analystes avaient toutefois souligné à l'époque que si le rapprochement des deux plus grands acteurs nationaux du câble avait du sens sur le papier, il pourrait soulever des objections de la part des autorités de la concurrence.

Ces spéculations, qui laissaient augurer une surenchère sur le prix offert, ont nettement profité au cours de Bourse de TWC, dont l'action vaut aujourd'hui 17% de plus que début octobre et 36% de plus que fin 2012.

Lundi soir, dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, le titre TWC prenait 1,77% à 134,75 dollars vers 18h15 et celui de Charter 1,33% à 136 dollars.