Les joueurs de la NCAA devraient-ils être bien rémunérés? Des joueurs des Alouettes et des Québécois ayant évolué dans la NCAA se prononcent.

«Moralement, ce serait la bonne chose [de rémunérer les joueurs], mais l'université et la NCAA sont aussi là pour faire des profits, qui sont utilisés pour payer les autres équipes sportives. La seule chose qu'on m'avait promise, c'était de payer pour mon éducation, et l'université a rempli toutes ses promesses. Est-ce que payer les frais universitaires des joueurs est une entente équitable? Il faut voir, mais il ne faut pas oublier que l'université est très chère aux États-Unis», affirme Tshimanga Biakabutuka, un demi offensif ayant grandi à Montréal qui a porté les couleurs des Wolverines de l'Université du Michigan au milieu des années 90 avant de jouer six ans dans la NFL. Celui qu'on surnommait «Touchdown Tim» détient toujours le record à Michigan pour le plus grand nombre de verges par la course au cours d'une saison (1818).

L'ex-joueur des Alouettes Étienne Boulay penche du côté opposé: «Je suis d'accord à 150% avec les anciens joueurs qui ont poursuivi la NCAA, une grosse machine qui fait énormément d'argent. La NCAA a des règlements qui n'ont pas de bon sens. L'université, la NCAA et la conférence font de l'argent avec le sport, mais si un joueur ose en faire pour signer un autographe, il se fait suspendre. C'est complètement ridicule. Je ne pense pas qu'un changement [dans le système pour rémunérer les joueurs] dérangerait les entraîneurs», dit celui qui a joué au football à l'Université du New Hampshire. Boulay n'est pas impliqué directement dans la poursuite contre la NCAA, mais son ancienne équipe universitaire fait partie du jeu vidéo d'Electronic Arts faisant l'objet de la poursuite des anciens joueurs.

Scott Paxson, un Américain qui joue pour les Alouettes de Montréal, souligne le rôle des sports-vedettes pour les autres sports universitaires. «Je peux comprendre qu'on pourrait garder de l'argent de côté pour les vedettes qui se blessent et qui ne peuvent plus jouer ensuite dans la NFL, mais dans l'ensemble, je ne pense pas qu'on devrait payer les joueurs. Pendant cinq ans à Penn State, je n'ai pas payé de droits de scolarité, et on s'occupait de payer mes tuteurs. Les revenus de l'équipe de football permettent de payer pour tous les autres sports à Penn State, et j'étais fier de ça. Si on donne des redevances aux joueurs, elles varieront selon les équipes, et les meilleures équipes utiliseront cet argument («vous gagnerez plus d'argent») pour recruter. Ça rendra le recrutement inégal», dit Paxson, qui a joué à Penn State avant de passer six ans dans la NFL avec Pittsburgh, Green Bay et Cleveland.

Danny Desriveaux, ancien joueur de l'Université du Connecticut et des Alouettes, qui se retrouve au sein du jeu vidéo en litige, souhaiterait que les joueurs étudiants touchent leur part des profits. «Il devrait y avoir des redevances pour les joueurs, car c'est grâce à eux que les stades sont remplis. Oui, les joueurs ont des bourses d'études, mais le système actuel n'est pas équitable», dit-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Étienne Boulay, qui a joué au football universitaire américain, appuie les joueurs qui poursuivent la NCAA.