Les actionnaires de Nokia (NOK) ont approuvé mardi la cession de la division téléphones portables à l'américain Microsoft (MSFT), qui doit remettre le groupe finlandais sur le chemin de la rentabilité.

Nokia, qui deviendra ainsi équipementier en télécoms, a précisé lors d'une assemblée générale extraordinaire à Helsinki que des actionnaires ayant voté par avance et détenant plus de trois quarts du capital avaient approuvé la transaction quasi unanimement (99,52%).

Le «oui» était prévisible, le cours de l'action Nokia ayant doublé entre l'annonce de cette cession début septembre et l'assemblée générale de mardi.

«Il était prévisible que la décision de vendre la division des téléphones portables provoquerait de grandes émotions», a affirmé le directeur général par interim, Risto Siilasmaa, lors de l'assemblée. «En tant que décideurs et en tant que membres du conseil d'administration, nous avons compris que nous serons fortement critiqués aussi. Nous sommes convaincus que si l'on avait continué avec l'ancienne stratégie, on aurait très probablement mis Nokia dans de grandes difficultés, ainsi que ses actionnaires et ses employés».

Le créateur de Windows a accepté de payer 5,44 milliards d'euros. La cession doit avoir lieu début 2014.

«Pour les actionnaires de Nokia c'est un bon prix parce que cette activité générait des pertes, et que Nokia était devenu trop petit pour se relancer», explique Eric Beaudet, analyste de la banque Natixis.

«C'est une excellente transaction. On ne pouvait pas imaginer meilleur prix pour une division en situation de pertes structurelles, qui aurait pu être valorisée à -5 milliards de dollars», renchérit Pierre Ferragu, analyste du courtier Sanford Bernstein.

Nokia était numéro un mondial des téléphones portables avant de céder en 2012 sa place au Sud-Coréen Samsung.

Les actionnaires ont entériné la disparition d'une marque qui a connu une déchéance spectaculaire depuis l'apparition de l'iPhone d'Apple en 2007.

D'après M. Beaudet, «Nokia a de bons produits, mais ça ne suffit pas. Leur problème est une structure de coûts fixes trop élevés, qui fait qu'il leur faudrait 10% du marché mondial des smartphones pour être rentables. Là ils sont à moins de la moitié».

D'après le cabinet Gartner, Nokia est aujourd'hui numéro 8 sur ce marché. Sur l'ensemble des téléphones portables, il reste numéro 2, avec 13,8% de parts de marchés au troisième trimestre, loin derrière Samsung (25,7%) et loin devant Apple (6,7%).

Mardi est la dernière occasion pour les actionnaires mécontents de discuter des échecs successifs du groupe finlandais dans les téléphones.

Leur origine remonte maintenant à très loin, comme l'a expliqué l'ancien PDG Jorma Ollila dans une autobiographie publiée en octobre. Selon lui, Nokia était bien parti sur le marché des smartphones à l'époque où il était embryonnaire, en 2004-2005, mais quand il a décollé en 2007-2008, ses produits n'étaient pas à la hauteur.

En 2011, un directeur général embauché chez Microsoft, Stephen Elop, fera le choix de s'allier avec le groupe américain. Cela ne paiera pas.

M. Elop, qui a démissionné en septembre, le jour où la vente des téléphones à Microsoft était annoncée, est la cible d'un certain ressentiment en Finlande. «Comment pouvez-vous savoir que M. Elop n'a pas filtré des informations confidentielles aux acheteurs ?», a demandé l'un des actionnaires Markus Magnfors.

Mais maintenant que M. Elop est parti, la direction a le soutien d'une écrasante majorité dans la nouvelle orientation du groupe.

Cette majorité attend que Nokia revienne durablement aux bénéfices, après avoir perdu 1,2 milliard d'euros en 2011, 3,1 milliards en 2012, et 590 millions d'euros sur les neuf premiers mois de 2013.

Microsoft devra de son côté résoudre un casse-tête: rentabiliser la marque Lumia. Assis sur plus de 80 milliards de dollars de réserves, il a les moyens d'y investir des sommes considérables.