L'économie des États-Unis a affiché au troisième trimestre son meilleur rythme de croissance de l'année, une accélération qui a surpris les analystes qui l'interprètent toutefois avec prudence.

Le produit intérieur brut (PIB) américain a crû de 2,8% de juillet à septembre en rythme annualisé, marquant une amélioration par rapport aux 2,5% enregistrés au deuxième trimestre et aux 1,1% relevés sur les trois premiers mois de l'année.

L'accélération de l'expansion économique américaine a surpris les analystes qui, dans leur prévision médiane, tablaient sur une croissance plus timide à 1,9%.

La Maison-Blanche s'est félicitée de la bonne tenue de la croissance tout en anticipant un ralentissement pour le quatrième trimestre du fait du bras de fer avec le Congrès sur le budget qui a conduit à la fermeture des services administratifs pendant deux semaines en octobre.

«Au cours du troisième trimestre, l'économie a progressé au rythme le plus rapide de l'année, une indication que la reprise continuait à prendre de la vitesse dans les mois précédant la fermeture des services administratifs», a noté la Maison-Blanche dans un communiqué.

Mais elle ajoute qu'au quatrième trimestre, la croissance «sera ralentie par la paralysie du gouvernement qui a duré du 1er au 16 octobre et par la gesticulation politique autour du plafond de la dette».

Progrès modestes

Pour de nombreux analystes, l'embellie du troisième trimestre cache des progrès plutôt modestes. «Malheureusement, les détails ne sont pas aussi positifs que les gros titres», notait Jim O'Sullivan, économiste en chef pour High Frequency Economics, estimant que la croissance a surtout été tirée par une accumulation des stocks des entreprises.

«La progression du PIB au troisième trimestre est surtout due à une hausse attendue de l'accumulation des stocks qui a ajouté 0,8 point de pourcentage à la croissance», expliquait Peter Newland, de Barclays Research. «Nous suggérons de prendre cette apparente accélération de la croissance avec prudence», ajoutait-il.

Si les dépenses de consommation des ménages ont continué de contribuer de façon positive à cette expansion en augmentant de 1,5%, cette hausse est la plus faible depuis deux ans. Les achats de biens durables ont créé la surprise affichant un bond de 7,8%. En revanche, les dépenses dans les services ont à peine progressé (+0,1%).

«La combinaison d'une demande privée assez morne et d'une augmentation des importations suggère que l'essentiel de l'accumulation des stocks n'était pas voulu, ce qui aura des implications sur l'activité du trimestre suivant», expliquait Harm Bandholz, économiste en chef pour UniCredit Economics.

Les dépenses de l'État fédéral, en recul depuis plusieurs mois du fait des coupes budgétaires automatiques, ont été en retrait de 1,7%, un impact qui devrait être encore plus fort au trimestre suivant.

Au quatrième trimestre, «la question la plus importante sera l'impact de la paralysie du gouvernement et (...) dans une moindre mesure, jusqu'à quel point l'accumulation de ces stocks n'était pas voulue», soulignait aussi Doug Handler, économiste en chef pour IHS Global Insight.

L'indice des prix lié aux dépenses de consommation (PCE), une mesure de l'inflation scrutée par la Réserve fédérale (Fed), a accéléré à 1,8% pour ce trimestre en rythme annualisé, mais reste toujours sous le niveau de 2% au minimum souhaité par la banque centrale.

En publiant ses chiffres jeudi, le ministère a souligné qu'en raison de la fermeture des services administratifs, il n'a pas pu disposer de toutes les données pour réaliser son estimation. Une deuxième évaluation est prévue pour le 5 décembre.

Vendredi, le département du Travail publie les chiffres officiels de l'emploi. Les analystes s'attendent, dans leur prévision médiane, à ce que le taux de chômage remonte légèrement à 7,3% en octobre contre 7,2% le mois d'avant.