Les chiffres de l'emploi aux États-Unis en octobre, attendus vendredi, devraient accuser l'impact de la crise budgétaire au Congrès qui a conduit à une paralysie du gouvernement et à un attentisme des entreprises.

Le taux de chômage et les créations d'emplois nettes pour octobre seront publiées à 8h30 par le département du Travail.

La prévision médiane des analystes annonce une légère remontée du taux de chômage à 7,3%, soit 0,1 point de plus qu'en septembre, accompagnée d'une chute drastique des créations d'emplois, à 100 000 contre 148 000 le mois d'avant.

Signe indicateur de la tendance pour octobre, les créations d'emplois dans le secteur privé ont nettement ralenti sur fond de crise budgétaire, selon l'enquête mensuelle ADP. Les entreprises privées ont créé 130 000 emplois de plus qu'elles n'en ont détruits en octobre, soit 11,5% de moins qu'en septembre, selon cette société de services informatiques aux entreprises.

«La fermeture partielle du gouvernement et l'affrontement sur la limite de la dette ont affaibli un marché de l'emploi déjà en petite forme», note Mark Zandi, économiste en chef de l'agence Moody's qui chapeaute cette enquête.

Pendant 16 jours de «shutdown» du 1er au 17 octobre, les services administratifs de l'État fédéral ont été partiellement fermés après le bras de fer entre l'administration Obama et le Congrès sur le budget et le relèvement du plafond de la dette. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont été contraints au chômage technique et de grands groupes ayant des contrats avec le gouvernement ont dû ralentir leur production.

«L'impact exact (de la fermeture des services administratifs) ne sera pas connu avant un certain temps mais les analystes du secteur privé estiment qu'elle risque d'avoir réduit le PIB d'un quart, voire un demi-point de pourcentage», a affirmé lundi un haut responsable du Trésor, Seth Carpenter.

Le Livre Beige, ce rapport de conjoncture que la Réserve fédérale publie toutes les six semaines, notait à la mi-octobre que la croissance de l'emploi était restée «modeste» et que certains employeurs faisaient part «d'incertitudes autour de l'application de la loi sur l'assurance santé mais aussi autour du débat budgétaire».

Pour les analystes du cabinet d'analyse Briefing, une chose est sûre, «les données de l'emploi pour octobre seront faussées par la fermeture de l'administration».

Lundi, lors d'un discours prononcé en Australie, le président de l'antenne régionale de la Fed de Dallas, Richard Fisher, a sévèrement déploré l'incapacité du Congrès comme du gouvernement à se mettre d'accord sur les questions budgétaires. «Pas étonnant que les entreprises américaines ne créent pas de nouveaux emplois au rythme auquel le voudrait la Fed», a dit ce responsable de la banque centrale. «Pas étonnant que la politique monétaire la plus accommodante qui soit ait été entravée dans ses objectifs».

La Réserve fédérale a le double mandat de promouvoir le plein emploi dans un contexte de stabilité des prix. Si, à 7,2% en septembre, le taux de chômage a bien décru par rapport à son niveau d'il y a un an (8%), il reste trois points au-dessus de son plancher de 2006, avant la crise financière.

Mais le tableau d'octobre pourrait encore réserver de bonnes surprises. Les indices ISM de l'association des directeurs d'achats ont surpris les analystes ces derniers jours, montrant une résistance inattendue de l'économie en octobre. L'activité s'est accélérée dans le secteur manufacturier comme dans celui des services. L'enquête a même souligné le dynamisme de l'emploi dans les services, qui comptent pour 80% de tous les emplois du secteur privé.

«Ces données suggèrent un net et récent redressement de tendance sans retombée majeure de la saga sur le plafond de la dette et la paralysie du gouvernement», relève Jim O'Sullivan, économiste en chef pour High Frequency Economics.

D'autres analystes ont emboîté le pas, révisant mardi leurs projections de créations d'emplois pour octobre, comme Sal Guatieri de BMO Capital Market qui table désormais sur 125 000 nouvelles embauches nettes.