Une étape importante pour l'avenir de BlackBerry sera franchie lundi, alors que sera dévoilé le nombre d'investisseurs désirant - ou pouvant se permettre de - mettre la main sur le fabricant canadien de téléphones intelligents.

L'entreprise de Waterloo, en Ontario, tente depuis des semaines de susciter un intérêt pour ses actifs, mais seuls quelques investisseurs sérieux devraient émerger de l'ombre, les plus probables étant sans doute les deux fondateurs et le plus grand actionnaire de l'entreprise.

«Nous allons enfin savoir qui misera, et qui ne misera pas sur cette société», mentionne Carmi Levy, un analyste indépendant dans le domaine de la technologie.

«Ça passe ou ça casse.»

Après un mois et demie de silence quasi-total, il semble que n'importe quelle guerre d'enchères pour les actifs de BlackBerry, qui comprend la fabrication de téléphones intelligents, des services aux entreprises et un portefeuille de brevets, n'impliquera qu'une poignée d'intéressés.

Certains de ceux-ci pourraient d'ailleurs être écartés du processus, selon des informations.

Selon Bloomberg, Fairfax Financial n'a pas encore réussi à mettre la main sur le financement nécessaire afin de déposer une offre d'achat officielle de 4,7 milliards $. Si certains investisseurs se sont engagés à contribuer, ils sont en nombre insuffisant pour obtenir toute la somme, ce qui pourrait empêcher Fairfax d'aller de l'avant.

En septembre, Fairfax a lancé la course aux avoirs de BlackBerry avec une lettre hautement conditionnelle qui a établi le minimum d'une offre d'achat à 9 $ par action, en compagnie d'un consortium d'autres investisseurs qui n'ont pas été nommés. L'annonce a laissé à BlackBerry la possibilité de rechercher d'autres acheteurs potentiels.

Fairfax, qui possède environ 10 pour cent des actions ordinaires de BlackBerry, a conçu son projet d'entente afin de pouvoir se désister si la transaction devient inintéressante, ou si la firme pouvait tirer avantage de l'achat par une autre partie.

Les fondateurs de BlackBerry ont quant à eux tenté de concevoir un cadre d'entente séparé qui assurerait que le non-démantèlement de l'entreprise. L'offre impliquerait entre autres la participation du fabricant de puces pour cellulaires Qualcomm et de la firme d'investissement new-yorkaise Cerberus Capital Management.

Le géant chinois de l'informatique Lenovo a pour sa part laissé entendre qu'il pourrait se jeter dans la mêlée, soulevant des craintes en matière de sécurité nationale de la part du gouvernement canadien, qui évaluera toute offre provenant de l'étranger.

Si des médias ont mentionné que le PDG de Lenovo Yang Yuanqing a manifesté de l'intérêt envers une expansion dans le monde de la téléphonie mobile, l'entreprise trouverait surtout son bonheur avec les brevets de BlackBerry et sa technologie d'encryptage.

BlackBerry a rencontré quelques problèmes avec cette technologie. Des pays comme les Émirats arabes unis, l'Indonésie et l'Arabie saoudite ont fait pression pour interdire certains des services des BlackBerry parce que les gouvernements ne pouvaient surveiller le contenu qui y circulait.

Les dirigeants de BlackBerry ont passé le dernier mois et demi à écumer le marché pour des acheteurs potentiels, démarche qui, selon le Wall Street Journal, comprenait un arrêt par les bureaux californiens de Facebook pour courtiser le réseau social.

Si certains analystes se demandent quelle puissance détient encore BlackBerry, la société possède toujours bon nombre d'actifs lucratifs, dont des brevets. En fait, l'entreprise en possèderait près de 10 000, dans les domaines de la technologie sans-fil, de la sécurité, de la mobilité en entreprise et des logiciels.